Banqueroute: les clients de la Cadeci aux abois

42464 XBanqueroute210117500.pagespeed.ic.Zat5OdsMee Depuis le 7 janvier 2016, l’établissement de microfinance a suspendu toutes les opérations

Sat, 21 Jan 2017 Source: camer.be

Dans un coin de rue du lieudit Mokolo-Elobi, non loin de la pharmacie éponyme, Columbus Atim n’arrive pas à digérer le drame qu’il vit depuis plus de deux semaines. Le jeune vendeur de glaces n’arrive pas à rentrer en possession de son épargne déposée auprès de la caisse d’épargne et d’investissement (Cadeci) PLC. Et pour cause, les portes des agences de l’établissement de microfinance (EMF) sont fermées à travers le pays depuis le 7 janvier 2017. Depuis lors, les épargnants sont aux abois, n’ayant aucun interlocuteur au sein de la structure.

La seule information provenant des  responsables reste un communiqué, publié sous la pression des clients qui menaçaient de tout saccager, indiquant que la structure a momentanément suspendu toutes ses opérations. « On aurait pu envoyer quelqu’un nous parler directement ou tout au moins envoyer des SMS afin d’apaiser les esprits », déplore Columbus Atim.

Après avoir composé en vain les deux numéros figurant sur ce communiqué, une voix de femme a fini par répondre, justifiant cette situation non pas par une faillite quelconque, mais par des nécessités de restructuration internes. « Nous sommes en train de refaire notre organigramme et nous reprendrons les opérations dès qu’on aura fini. Les choses vont revenir à la normale d’ici la fin du mois de février », tente de rassurer la dame au bout du fil.

D’après les clients de l’EMF, cet argument n’est rien d’autre qu’un prétexte fallacieux que les responsables de la Cadeci brandissent pour gagner un peu plus de temps avant d’annoncer officiellement la faillite de l’entreprise. « C’est un mensonge grossier ! Depuis quand une structure est obligée de fermer les portes pour refaire son organigramme ? », fulmine Jean Jacques N., un client.

Certains clients avertis indiquent pourtant que cette situation est l’aboutissement logique de tout ce qui se vivait déjà au sein de la Cadeci depuis un certain temps. «La Cadeci a présenté ces derniers mois les signes d’une structure en agonie. Les responsables ont commencé par évoquer de temps en temps un manque de liquidité dans les caisses. Après ils ont dit que ceux qui voulaient faire des retraits de fonds devaient désormais formuler leur demande une semaine avant la date  souhaitée pour la mise à disponibilité de l’argent. Et aujourd’hui, le résultat est là, on nous parle de fin février », confie un client.

Pour bon nombre de clients, la Cadeci est morte, emportant de nombreux espoirs et mettant en péril d’énormes sacrifices consentis par des clients pour épargner. Et puisque l’heure est à la préparation des obsèques, chacun veut rentrer en possession de son dû. C’est le cas de Columbus, qui comptait sur son million de FCFA déposé auprès de cette structure pour développer son activité par des investissements qu’il avait programmés pour ce début d’année.

« Mes affaires sont bloquées parce que je ne parviens pas à récupérer mon capital. Nous sommes en train de prendre d’autres mesures, car on ne peut pas attendre jusqu’en février. Nous n’avons aucune garantie », déclare ce jeune commerçant au bord des larmes. L’épargne des clients se serait-elle volatilisée comme par enchantement ? Voilà une question qui fait bien peur aux clients de la Cadeci et à laquelle personne ne saurait répondre au stade actuel de cette affaire. Mais, tout laisse croire que nous ne sommes pas bien loin de cette situation extrême camer.be. Voilà une entreprise qui se trouve en difficulté en 10 ans d’existence à peine, alors qu’elle se targuait de jouir « d’un atout considérable et indéniable dans le secteur de la microfinance au Cameroun par son assise financière ». Actuellement, une coalition des clients est en gestation et un mouvement d’humeur annoncé pour la journée du vendredi 20 janvier 2017.

« Nous avons déjà mobilisé 100 clients et nous lançons un appel à tous les autres à travers le pays pour faire entendre notre voix et adopter une position commune et concertée, face à cette arnaque », indique Columbus Atim, qui n’exclut pas la saisine des tribunaux et des autorités financières, dont la commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac) qui a délivré l’agrément à la Cadeci en 2006. Pour le moment, l’autorité monétaire nationale, le ministère des Finances, n’a pas réagi à la situation. Son silence inquiète davantage les épargnants qui se sentent abandonnés.

Source: camer.be