Le 23 septembre 2024, à Yaoundé, la Nachtigal Hydro Power Company (NHPC) et la Société nationale de transport de l’électricité (Sonatrel) ont officialisé un accord crucial pour l’évacuation de l’électricité produite par le barrage hydroélectrique de Nachtigal. La signature de ce contrat, qui s’est déroulée sous la présidence du ministre de l’Eau et de l’Énergie, Gaston Eloundou Essomba, marque une avancée significative dans la gestion énergétique du Cameroun.
Grâce à cet accord, NHPC pourra utiliser le réseau de Sonatrel pour transporter toute l’énergie produite par le barrage. Victor Mbemi Nyaknga, directeur général de Sonatrel, a précisé : « NHPC doit être payée par Eneo, le fournisseur avec lequel ils ont un contrat de vente d’électricité, tandis que Sonatrel percevra les frais de transport d'électricité. » De son côté, Vincent Leroux, directeur général de NHPC, a souligné l'importance de cette ligne de transport, qui permettra de desservir tout le Réseau interconnecté Sud (RIS) et d'évacuer l'ensemble de la production de Nachtigal.
Cet accord intervient peu après la mise en service du troisième groupe de production du barrage, qui injecte actuellement 180 MW sur les 420 MW prévus. Le ministre de l’Eau et de l’Énergie a précisé que l’objectif est de mettre en service un groupe supplémentaire chaque mois, avec l’ambition d’atteindre la pleine capacité des sept groupes d’ici fin janvier 2025.
Cependant, plusieurs défis demeurent, notamment en ce qui concerne l’infrastructure de transport et de distribution de l’énergie. Les équipements vieillissants de Sonatrel et Eneo nécessitent des investissements considérables pour garantir une évacuation optimale de l’électricité produite par Nachtigal. Une ligne de 225 kVA relie déjà Nachtigal à Yaoundé, mais celle en direction de Douala, ville clé en termes de consommation, n'est pas encore terminée. « Si les infrastructures de transport ne sont pas modernisées, il sera difficile de répondre aux besoins énergétiques des populations », a averti le ministre lors de la cérémonie de signature.
En marge de l'événement, Gaston Eloundou Essomba a souligné l’importance de synchroniser les calendriers de production et de transport pour assurer une évacuation en temps réel de l’énergie. Il a également rappelé que l'amélioration de l'infrastructure de transport contribuerait à réduire les coupures d’électricité qui affectent les populations, un problème exacerbé par le déficit de production ou l’inadéquation des infrastructures.
Le barrage de Nachtigal, avec un investissement de 786 milliards de FCFA, est la plus grande centrale hydroélectrique du Cameroun. En plus de ses 420 MW de capacité, il pourrait augmenter la production nationale d'électricité de 30 %, tout en renforçant la part de l’hydroélectricité dans le mix énergétique. Cette avancée permettra de réaliser des économies sur les coûts liés aux combustibles des centrales thermiques. De plus, avec l’interconnexion des réseaux entre le Cameroun et le Tchad (Pirect), Nachtigal positionne le pays comme un futur leader de l’exportation d’électricité en Afrique centrale, avec 100 MW destinés au Tchad d’ici 2027.