Le pétro-gazier écossais Bowleven, qui développe des projets en Afrique, notamment au Cameroun, est au cœur d'une bataille rangée entre son conseil d’administration et Crown Ocean Capital (COC), un de ses actionnaires. La compagnie a demandé à ses actionnaires de ne pas donner une suite favorable aux offres d'achats de leurs actions, par la firme de private equity basée dans le territoire français de Monaco.
« Crown Ocean Capital a l'intention de prendre le contrôle de Bowleven sans payer sa juste valeur et il n'a pas de stratégie crédible pour maximiser la valeur des actifs clés de la société, que sont les projets Etinde et de Bomono (situés au Cameroun. Ndlr). Son intention déclarée est de convertir Bowleven en une société de portefeuille et la laisser dans l'incapacité de financer les investissements nécessaires, pour réaliser une quelconque valeur des actifs camerounais », a fait savoir Bowleven dans une déclaration envoyée par email.
Cette bataille s'est déclarée au public depuis décembre 2016, lorsque Bowleven a soumis à l'Assemblée générale, sa résolution visant à racheter certaines de ses actions sur le marché financier de Londres, où elle est cotée, pour la somme globale de 10 millions $. Le projet a été stoppé net par un vote de certains actionnaires, dont Crow Ocean Capital, qui possédait déjà 11% de son capital.
Avant cela COC avait essayé de faire adopter une résolution visant à renverser le président actuel du conseil d'administration de Bowleven, un vétéran du secteur énergétique au Royaume Uni. La proposition avait été rejetée mais de justesse, avec seulement 43% contre, témoignant du malaise parmi les actionnaires du pétro-gazier.
Bowleven revendique aujourd'hui un solide bilan dénué de dettes, avec une trésorerie libre de 95 millions $. COC ne conteste pas cette situation, mais propose que les dépenses de l'opérateur soient réduites, avec notamment la suspension des opérations sur un des sites camerounais (Bomono), pour se concentrer désormais sur un seul (Etinde). Le surplus de cash dégagé devant être partagé entre les actionnaires.
Bowleven a occasionné une «importante destruction de la valeur pour les actionnaires», avec des liquidités dépassant la valeur du marché à la fin de 2016 et un «risque important» de « dépenser tout cette trésorerie libre », explique Crown Ocean Capital. Une perception qui semble partagée par un nombre important d'actionnaires, notamment les plus petits. Ces derniers attendent encore que le projet camerounais puisse délivrer de la rentabilité et donc des dividendes.