Budget 2022 :ce que les locataires d'Etoudi proposent pour atteindre 4,4 % de croissance

Paul Biya

Mon, 6 Dec 2021 Source: Economie du Cameroun N°035

La lettre circulaire du 30 août 2021 relative à la préparation du budget de l’Etat pour l’exercice 2022 invite le gouvernement à des actions audacieuses, jusque-là ignorées, comme le train de vie de l’Etat.

2 022 qui pointe à l’horizon ne devrait pas être une année sabbatique au Cameroun, un peu comme l’aura été 2020, du fait de la pandémie du Covid-19. Si le pays n’a pas connu une réclusion totale comme certaines économies fortes du monde, son activité économique a tout de même perdu des points importants, comme les six Etats de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac).

Ici, la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac) voit les feux passablement au vert, après le choc de 2020. La banque centrale table donc désormais sur un taux de croissance de 2,8 % en 2021 après - 2,1% enregistré en 2020 du fait du recul de l’activité dans le secteur pétrolier (-4,2%) que non pétrolier (-1,6 %).

Une croissance égale à celle du monde

Les ambitions de Paul Biya pour l’année prochaine sont grandes. « En 2022 il est attendu une consolidation de la croissance de l’économie mondiale à 4,4 % qui résulterait de la prise de nouvelles mesures de soutien budgétaire dans quelques grands pays », pointe Paul Biya dans lettre circulaire du 30 aout 2021 relative à la préparation du budget de l’Etat pour l’exercice 2022. C’est le même taux de croissance que le chef de l’Etat envisage pour son pays, nonobstant les contraintes sanitaires qui ne sont pas encore entièrement retombées.

« En 2022, sous l’hypothèse d’une maitrise de la pandémie et de l’ouverture des économies combinées de relance, les projections tablent sur une croissance de 4,4 % de l’économie camerounaise dont 4,7 % pour le secteur non pétrolier et 1,8 % pour le secteur pétrolier », analyse Paul Biya.

Dans cette croissance, le chef de l’Etat espère que les camerounais auront des habitudes de consommation différentes, il est envisagé qu’ils consomment un peu plus. Et donc, « la croissance serait principalement tirée par l’accroissement de la demande intérieure qui devrait doper l’offre locale des biens et la reprise de l’investissement privé. » Du fait de la présence du corona virus, les coûts de nombreux biens sur le marché ont connu une progression non négligeable. En 2022, « l’inflation serait maitrisée en dessous du seuil communautaire de 3 %, soit à 2 %. »

2022, année dynamique

L’année qui pointe progressivement à l’horizon est définie par Paul Biya comme une année « dynamique ». Concrètement, l’on devra juguler les effets néfastes de la pandémie covid 19 et actionner sur plusieurs leviers. La priorité devra être mise sur la mise en service des grands projets infrastructurels, la poursuite de la mise en œuvre du plan de soutien à la production des biens de grande consommation et l’amélioration du climat des affaires. La dynamique de 2022 qui caresse l’espoir d’atteindre un taux de croissance de 4,4 % devra se concrétiser par le respect scrupuleux de certaines exigences. « En ce qui concerne le soutien à la production des biens de grande consommation, un accent sera accordé à la production et à la transformation des produits alimentaires de base, notamment le riz, le maïs, le soja, le mil, le sorgho, le lait et le poisson, afin de réduire le déficit de la balance commerciale. »

Fiscalité, fiscalité, fiscalité

Les impôts constituent à n’en point douter l’un des points qui brouillent les rapports entre les investisseurs au Cameroun et le système fiscal du pays. Obtenir un dossier fiscal est une gageure. Une attestation d’immatriculation peut tranquillement vous faire passer une semaine de stress, voire plus. L’attestation de non redevance peut coincer, du fait d’une connexion internet instable. La liste des griefs peut donner du tournis. C’est dans ce vent de chamailleries que la direction générale des impôts (DGI) a introduit une série d’innovations. Allant de la déclaration en ligne à la simplification d’un nombre important de besoins fiscaux. Pour Paul Biya, il faudra faire plus en 2022. « Au plan de la fiscalité interne, les mesures nouvelles pour l’exercice 2022 devraient, outre la recherche de l’optimisation des recettes internes non pétrolières, promouvoir un environnement fiscal favorable au développement des affaires, grâce à la simplification des procédures et d’allègement du coût de la discipline fiscale », prescrit le chef de l’Etat. Une batterie de mesures est préconisée. Notamment la poursuite de l’allègement des charges fiscales des entreprises directement affectées par la crise sanitaire, à travers la consécration d’un taux d’amortissement accéléré, la clarification du régime du compte applicable à certains produits de grande consommation à l’instar des boissons, minoterie, ciment, etc.

Indulgence vis-à-vis des Pme

Tout jeune entrepreneur redoute les impôts au Cameroun. De manière consciente ou non. Tellement la mauvaise renommée des impôts l’a précédée. Ce qui s’explique. Les patrons de PME, très souvent receveurs d’ordres, attendent de longs mois pour être désintéressées. Des retards de paiement qui peuvent avoir un lien avec la non déclaration, ou la déclaration tardive, entre autres. Et là, les impôts surgissent telle une pieuvre. Cette force peut conduire la PME à fermer. En 2022, Paul Biya souligne « l’allègement du coût de la discipline fiscale, en particulier pour les petits contribuables, par l’aménagement d’avantages fiscaux en faveur de ceux-ci. » Ce volet des PME en 2022 devra être constitué de la simplification du régime de taxation des mutations à titre gracieux, notamment les successions et les donations, la réduction du nombre de paiements en matière d’impôts et taxes locaux.

Source: Economie du Cameroun N°035