Business : l'interview exclusive de Biboum Kléber, PDG et fondateur de GO AFRICA

BIBOUM Kléber, PDG et fondateur de GO AFRICA

Thu, 27 Jan 2022 Source: africabusinesscommunities.com

BIBOUM Kléber est l'actuel PDG et fondateur de GO AFRICA Business Sarl créée en 2020, avec la spécialisation dans le développement de l’industrie du tourisme.

Pouvez-vous nous parler de votre entreprise

GO AFRICA Business Sarl est une Société A Rentabilité Limitée (Sarl) créée en 2020. Elle voit le jour dans un contexte difficile qui a provoqué l’ouverture du capital de l’établissement (du même nom), existant depuis 2014. L’entreprise compte actuellement deux actionnaires dont Hans SPRUNG de nationalité allemande, établi à Lunebourg en Allemagne et Kleber BIBOUM de nationalité camerounaise, établi à Yaoundé au Cameroun, siège social.

Nous sommes spécialisés dans le conseil RSE, la réalisation des études à impact socioéconomique, le réseautage d’affaires et l’événementiel. Nos centres d’intérêt sont principalement l’agro-industrie, les énergies renouvelables, l’ingénierie mécanique et industrielle, les mines, la production multimédia, les technologies de l’information et de la communication, le tourisme et les loisirs.

Pour chacun de ces domaines d’activités, nous sommes compétents pour:

- la réalisation des études de marché et business plan;

- la mise en place des plateformes dynamique (interactives et de redevabilité sociale);

- l’équipement et les aménagements divers;

- les publications de documents et ouvrages de référence;

- l’organisation des rencontres professionnelles.

Quelles industries desservez-vous?

L’entreprise GO AFRICA Business Sarl s’est spécialisée dans le développement de l’industrie du tourisme. A notre actif, trois (03) éditions de Salon International du Tourisme Durable, huit (08) Cafés du tourisme, deux (02) forums thématiques et la récente publication du livre blanc MERCATOUR sur le sujet: Cameroun, norme et sécurité pour un tourisme durable, paru chez l’Harmattan en mars 2021.

Avec le concept MERCATOUR (Marché des Tourismes d’Afrique), nous jouissons d’une bonne réputation au Cameroun et à l’étranger (Guinée Equatoriale, Allemagne, Russie, France, Ouzbékistan, Italie, etc.), à travers la participation:

- des administrations publiques (ministères et institutions spécialisées)

;

- des Institutions fortes comme l’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT, région Afrique);

- des acteurs majeurs internationaux du tourisme tels que ITB Berlin, TUI BLUE;

- des universités de Yaoundé I, de Paris Nanterre ;

- des organisations de la société civile à l’instar du Syndicat Patronal

de l’Industrie de l’Hôtellerie et du Tourisme (SPIHT), le Syndicat National des Agences de Voyages et du Tourisme (SNAVTC), l’association française RSE et PED.

La pandémie de COVID-19 en cours ET la tendance au travail à domicile affectent-elles vos opérations? Comment?

Le tourisme est l’un des secteurs qui a le plus payé le prix fort de la pandémie covid-19 dans le monde. Au niveau du Cameroun, nous avons connu environ 7 mois sans réaliser la moindre activité. Même quand nous avons réussi à réaliser une activité, elle s’est faite presqu’entièrement sur fonds propres. Les paiements qui étaient attendus n’ont pas abouti et certains partenaires ont même été obligés de fermer les portes. On se demande bien combien de temps encore cette crise va sévir…

Dans la pratique courante des choses, le tourisme se fait sur le terrain. Du coup, le travail à domicile, recommandé aux premières heures de la crise, n’est pas ce qui pouvait entretenir notre activité de sensibilisation, de mobilisation des acteurs et de promotion des produits et services, bien que les technologies de l’information et de la communication (TIC) offrent assez de facilités. Ça ne suffit pas ! Il y a un travail de fourmis qui doit se faire en amont sur le terrain! Aussi, il faut observer que la plupart des touristes qui représentent la cible finale de nos activités, sont demandeurs d’expériences vivantes, de produits et services qu’ils aimeraient toucher du doigt.

Quelle est la stratégie de croissance de votre entreprise pour 2022? (Nouveaux projets, expansion sur de nouveaux marchés, nouveaux partenariats? etc.)

Peut-on véritablement parler de stratégie de croissance du secteur du tourisme en pleine crise? Nous travaillons d’abord en ce moment à comment en sortir, puis à mettre donc sur pied une stratégie qui tienne la route sans crainte de soudaine représailles; car la covid-19 et ses variantes nous ont appris que nous ne pouvions pas, pour le moment, prévoir quelque chose qui se projette dans la durée.

Néanmoins, pour sortir un peu du tourisme, nous avons des plans pour développer des projets dans le domaine de l’agriculture (culture des pastèques, manioc, plantain, verger) et de l’élevage (bovins, poissons, volaille). Il y a aussi le domaine de l’ingénierie des services et d’appropriation des technologies actuelles qui participent au développement des organisations, que nous aimerions explorer, à travers des offres de formation en matière de bonne gouvernance et des offres de service, subséquentes à un besoin réel. C’est clair que, même au niveau du Cameroun, l’entreprise GO AFRICA Business Sarl ne prétend pas le faire toute seule; nous restons donc ouvert à nouer des partenariats gagnant-gagnant pour pouvoir mettre en place des grandes plantations, des fermes et des unités de transformation des matières premières partout où ce sera possible. Cela va participer à créer des emplois, pour tous les pays qui seront preneurs de notre stratégie ou vision de développement, nous nous évertuerons à y opérer ou à nous y établir naturellement.

Quelles sont les ambitions à long terme que vous visez en tant qu’organisation?

La dénomination de notre entreprise est d’amener du monde en Afrique pour y faire des affaires. Notre champ d’action est l’Afrique avec l’ambition principale d’y mettre en place tout un marché des opportunités d’affaires dans des secteurs prioritaires définis par les gouvernements avec lesquels nous allons travailler. Il s’agira de concevoir un modèle économique d’accompagnement des porteurs de projets dans le montage, la promotion et la recherche de financement (qui existe) pour la meilleure réalisation desdits projets.

Au niveau du Cameroun, nous avons par exemple déjà réussi à mettre en place un fonds d’investissement MERCATOUR pour le financement des projets de développement de l’activité touristique au Cameroun, nous avons des organisations qui sont prêtes à financer, mais nous n’enregistrons pas encore de projets à la hauteur des attentes de ces dernières. C’est un début. La finalité étant de contribuer à l’aménagement d’un cadre propice au développement du secteur du tourisme a niveau local, national et régional. Nous envisageons aussi de développer un outil de promotion et de communication efficace, avec l’organisation, tous les 02 ans dans un pays africain hôte, du Salon MERCATOUR rendu à sa 4e édition et en cours de préparation au Cameroun, prévu du 27 Septembre au 1er Octobre 2022. Ce salon va intéresser les acteurs des pays africains, mais également ceux des pays non africains qui ont quelque chose à montrer, mais qui ont surtout quelque chose à partager dans le cadre des joint-ventures, des jumelages, des missions économiques et de bien d’autres opportunités de partenariat durable.

Quelles politiques gouvernementales peuvent être mises en œuvre pour que les entreprises prospèrent au Cameroun?

De mon point de vu, et en temps normal, les politiques gouvernementales sont assez bien élaborées au Cameroun. Il n’y a véritablement pas beaucoup à redire pour une entreprise qui veut prospérer. Tout a été bien pensé pour que les entreprises soient bien encadrées depuis la création (en moins d’une semaine) jusqu’au moment où elles deviennent opérationnelles. Le régime fiscal est dynamique, déclaratif et dématérialisé; tout se fait en ligne. Le Cameroun est attractif surtout au regard de la taille du marché (environ 26 millions d’habitants) et des opportunités qui s’offrent aux entreprises contractantes ou prestataires de services commis par la commande publique ou parapublique.

Toutefois, il ne faut pas perdre de vu que le volume le secteur informel reste un problème, parce que plus important et surtout pratiquant des offres toujours plus intéressantes en matière de prix. Toutes ces opérations avec le secteur informel ont une double conséquence : elles échappent au fisc et ne peuvent malheureusement pas permettre aux entreprises conformes de prospérer.

Donc, pour le moment, du moins pour ce que j’observe dans le tourisme, le gouvernement doit accorder une subvention de façon effective aux entreprises du secteur qui subissent l’impact négatif de la covid-19 dans leurs activités. Il serait aussi intéressant de revoir objectivement la qualité des redevances fiscales (impôts et taxes) pour le cas spécifique des entreprises touristiques. L’aménagement des infrastructures de logement, de santé, de communication (routes) et de télécommunications, …, doit se poursuivre. Enfin, la volonté politique pour le développement du secteur du tourisme doit se traduire par un acte fort des autorités qui en ont la lourde responsabilité à travers la prise de mesures pour développer le tourisme interne ; il faut accélérer la décentralisation qui est en marche permet aujourd’hui un transfert total par l’Etat des compétences aux collectivités territoriales décentralisées en matière de tourisme et loisirs. La démocratisation des partenariats public – privé pourrait établir des passerelles de collaboration directe entre les administrations et les opérateurs. L’Etat doit rester régulateur et confier la promotion du tourisme localement ou à l’étranger aux professionnels.

Comment l'Afrique se développera-t-elle en tant qu'économie du savoir en 2022 et comment les entreprises peuvent-elles y contribuer?

Bien, je crois que dans la nouvelle société mondiale celui qui n’aura pas la bonne information prendra la mauvaise décision ; et celui qui prendra la mauvaise décision va se retrouver inexistant, ou mieux encore, en marge de ce qui se passera sur la scène internationale. J’ai souvent dit dans d’autres audiences que l’Afrique est bel et bien partie, mais elle a peut être pris la mauvaise décision, celle d’avoir cru qu’elle arriverait un jour à se développer au même rythme que les autres ou en faisant comme les autres. Il faut trouver les raisons de notre retard de développement par nous-mêmes, faire le bon diagnostic de ce que nous voulons vraiment et trouver les solutions pour y arriver. C’est certainement comme cela que les autres ont procédé pour atteindre le niveau de développement que nous observons aujourd’hui. Ça me semble logique !

Il faut donc encourager la recherche (appliquée) et l’innovation. Les entreprises elles-mêmes en ont besoin pour pouvoir ajuster leurs offres aux besoins qui changent d’une époque à une autre. Du coup elles peuvent déjà soutenir l’Etat à travers le paiement naturel des redevances exigibles. Elles peuvent par exemple aussi investir directement, dans le cadre d’une démarche RSE (Responsabilité Sociale des Entreprises) pour l’équipement des laboratoires d’analyses, la publication et la vulgarisation des résultats de think thank, le mentoring de l’excellence académique et/ou professionnelle pour les étudiants/apprenants qui accepteraient de devenir des carriéristes en entreprise. Il n’est pas de raison qu’une telle vision fasse reculer d’un seul pas le développement endogène de l’Afrique.

Source: africabusinesscommunities.com