Réuni le 04 juillet 2023 à Douala, le Conseil d’administration extraordinaire de la Cameroon oil transportation compagny (Cotco) qui gère la partie camerounaise du pipeline reliant le Tchad au Port de Kribi a porté le camerounais Bako Harouna, magistrat hors hiérarchie au poste de Directeur général.
L’actuel Directeur général adjoint du Port autonome de Kribi sera secondé dans cette mission par la tchadienne Haoua Daoussa Déby, nommé au poste de Directeur général adjoint. Elle occupait jusqu’à lors, le poste de représentante du Tchad auprès de Cotco et ancienne Directeur général adjoint de la Société de raffinage de N’Djamena.
C’est le Président de la transition, président de la République du Tchad qui a luimême officialisé la nouvelle de la composition relookée du top management de la Cameroon Oil Transportation compagny. Ces nominations, selon Mahamat Idriss Deby Itno, dans un post sur son compte Facebook, marque la dernière étape de la nationalisation des actifs de l’ex-Esso, décidée en mars 2023.
«Je voudrais surtout encourager la nouvelle équipe dirigeante de la Cotco, qui a toute ma confiance et celle du président Biya. Ainsi, le processus de nationalisation arrive à son terme souverainement. Merci beaucoup aux camerounais et aux tchadiens pour avoir su garder la fraternité qu’ils ont eu les un pour les autres», écrit Mahamat Idriss Deby Itno.
Il a aussi exprimé sa gratitude au président de la République du Cameroun Paul Biya mais aussi à Gali Ngothé Gatta, ministre d’Etat, Secrétaire général à la présidence de la République du Tchad et à son équipe ainsi qu’à Ferdinand Ngoh Ngoh, secrétaire générale de la présidence de la République du Cameroun qui ont œuvré pour l’aboutissement du processus «souverainement».
AUX ORIGINES DE L’AFFAIRE
Ce d’autant plus que l’application du compromis signé entre la Société nationale d’hydrocarbure et Savannah Energy, la société britannique en conflit avec le Tchad semble s’éloigner. En effet, au terme de la validation du rachat par la société des hydrocarbures du Tchad des 31% des actions de Cotco alors détenus par le malaisien Petronas, N’Djamena a pris le contrôle de Cotco avec 53, 77% des parts et a organisé dans la foulée une Assemblée générale qui avait décidé, le 24 mai 2023 à Paris de mettre un terme avec effet immédiat au mandat de Joseph Pagop, Antoine Richard, Nicholas Beattie, Yacine Wafy, Roger Schaeffer et Nicolas de Blampré, tous administrateurs.
En outre, opposés au rachat d’Exxon Mobil par Savannah Energy dans leurs pays, les autorités tchadiennes les ont nationalisés et confiés leur gestion à la Tchad Petrolum Compagny. Sauf que Savannah Energy revendique toujours l’acquisition de 41,06 % des parts de Cotco détenues par l’américain Exxon Mobil qui lui aurait permis de prendre le contrôle de Cotco lors d’un conseil d’administration tenu le 24 mai 2023 à Paris.
Ainsi, les autorités tchadiennes à l'issue de ce conseil ont décidé d’un commun accord de ne plus considérer Nicolas de Blampré comme directeur général. Le Tchad avait d’ailleurs saisi Abbas Mahamat Tolli, gouverneur de la Beac pour ne donner aucune suite favorable «à toute instruction de mouvement de fonds provenant de M.Schaefer, M. Blampré, M. Soumahoro, ou de toute personne qui se serait autorisée par eux, en ce compris expressément Savannah Energy ou l’une de ses filiales».
ESPOIR
Notons que la désignation des nouveaux dirigeants de la Cotco intervient dans un contexte où les responsables désignés par Savannah Energy ont menacé de fermer le pipeline Tchad-Cameroun. C’est du moins ce qui ressort d’une correspondance signée par Ferdinand Ngoh Ngoh datée du 30 juin 2023 adressée au secrétaire d’État auprès du ministère des Mines, de l’Industrie et du Développement technologique, Fuh Calistus Gentry.
«Au regard des conséquences graves qui résulteraient de la fermeture du pipeline Tchad-Cameroun et du péril qu’une telle action ferait courir sur la société Cotco, j’ai l’honneur de vous demander de bien vouloir prendre en urgence, en liaison avec le management actuel de Cotco, les mesures conservatoires qui s’imposent afin de garantir le bon fonctionnement de ce pipeline», écrit Ferdinand Ngoh Ngoh.
L’on espère que tout rentrera dans l’ordre avec la nomination des nouveaux dirigeants.