Dix ans après l’entrée en vigueur de la loi d’avril 2013 (révisée en 2017) portant sur l’incitation à l’investissement privé au Cameroun, le patronat camerounais, par la voix de Célestin Tawamba, président du Groupement des entreprises du Cameroun (GECAM), appelle à une révision urgente de cette politique. Lors de la « rentrée économique du patronat » tenue le 18 septembre 2024 à Douala, le président du GECAM a estimé que cette loi, bien qu’ayant apporté des bénéfices dans son application initiale, est désormais en déphasage avec les nouvelles réalités économiques et politiques du pays.
La loi, qui offrait des exonérations fiscalo-douanières allant de 5 à 10 ans aux entreprises investissant au Cameroun, est aujourd’hui critiquée pour ses lacunes. Célestin Tawamba a ainsi déclaré : « Les incitations aux investissements en République du Cameroun doivent être entièrement repensées. Depuis la promulgation de la loi en 2013, le pays a mis en place de nouvelles réformes qui rendent obsolètes plusieurs dispositions du cadre réglementaire. »
Parmi les failles relevées, le président du GECAM pointe du doigt une mauvaise compréhension des critères d’éligibilité qui a conduit à un traitement inéquitable des dossiers d’investissement. Il dénonce également l’inadéquation de ces incitations vis-à-vis des régions enclavées du pays, ce qui contrevient aux principes de décentralisation et à un développement équilibré.
De plus, Célestin Tawamba souligne l’impact négatif des exonérations prolongées (jusqu'à 10 ans) sur les finances publiques. Certaines entreprises auraient profité des avantages fiscaux sans réaliser les investissements promis ou en détournant les bénéfices de la phase d’installation à des fins autres que celles prévues. « Ce système permet à certaines entreprises de profiter des avantages sans pour autant créer la richesse attendue, ce qui prive l’État de recettes importantes et augmente la pression fiscale sur les entreprises déjà en place », a-t-il précisé.
Le président du GECAM s’appuie sur des chiffres révélateurs pour étayer son propos. Entre 2014 et 2019, un total de 987 milliards de FCFA d’investissements a été réalisé par un échantillon de 100 entreprises agréées. Toutefois, ce montant est jugé insuffisant par rapport aux 5 474 milliards de FCFA d’investissements prévisionnels annoncés par l’Agence de promotion des investissements (API), pour un total de 302 conventions signées. En matière de création d’emplois, seulement 12 050 emplois directs ont été créés, bien loin des 110 000 emplois projetés initialement.
En réponse à ces observations, le patronat plaide pour une refonte globale de la loi afin de maximiser les retombées pour l’économie nationale. « Une refonte de la loi sur les incitations aux investissements est indispensable pour garantir une meilleure cohérence et un impact significatif sur l’économie du pays », a insisté Célestin Tawamba.