A la veille de la présidentielle 2025, le président du MRC dénonce la politique économique de Paul Biya dans un document publié sur les réseaux sociaux, Maurice Kamto explique comment au Cameroun, les finances publiques sont au service de la dette.
Le 20 juin 2024, le Président de la République a, par ordonnance, révisé à la hausse, le budget en cours d’exécution, pour le porter de 6740,1 à 7278,1 Mds de francs, soit une augmentation de 538 Mds en absolu et 8% en valeur relative. Ceux qui pouvaient imaginer que cette hausse était destinée à relancer notre économie morose en vue de créer d’avantage de richesse et d’emplois qui manquent cruellement à notre jeunesse, doivent déchanter rapidement. Il s’est agi en réalité d’un tour de passe- passe, hélas cyniquement approuvé par les bailleurs de fonds internationaux, visant à maquiller la quasi banqueroute de l’Etat !
Car, à la lumière des données officielles, le solde primaire de ce nouveau budget - paramètre qui permet d’apprécier la viabilité d’un budget à court et moyen terme - déjà insuffisant en 2023 (à +138,8Mds) pour faire face aux engagements financiers contractuels de l’Etat, y est maintenant projeté négativement (à-182,2Mds), traduisant de ce fait l’incapacité du gouvernement à assurer le service de la dette publique, même partiellement par ses propres ressources.
Par cette révision, le gouvernement assume donc un déficit budgétaire de 137,9 Mds, en hausse par rapport aux 125,4 Mds de déficit de 2023. Plus grave encore, il prévoit de se lancer dans une campagne d’emprunts tous azimuts de 2070,1 Mds, représentant 6,6% du Pib national, pour…rembourser les dettes antérieures ! En l’occurrence, 1291,5 Mds de dette structurée, 84 Mds de remboursement de Tva, 537 Mds de paiement d’arriérés, 19,7 Mds de sorties nettes des fonds correspondants, auxquelles viendront s’ajouter le financement du déficit de 137, 9 Mds ; soit des besoins de financement totaux de 2070,1Mds pour la seule année 2024, aux dires du gouvernement.
Ainsi, pas un sou n’est destiné à l’accroissement des dépenses en capital (investissements), qui accusent au contraire une baisse de 48 Mds par rapport au budget initial de 2024, ni même à l’augmentation des dépenses courantes hors intérêts, qui chutent plutôt de 3662,4 Mds dans le budget initial, à 3536 Mds dans le budget révisé de 2024. Soit une baisse de 126,4 Mds !
Au total donc, le budget révisé à la hausse de 2024 ne permettra pas de relancer l’économie moribonde de notre pays : ni par une politique de l’offre, à travers une baisse relative des impôts et prélèvements, (qui sont plutôt maintenus à des niveaux asphyxiants pour les entreprises du secteur formel) ni par une politique assumée de la demande, via les dépenses courantes et d’investissement conséquents.
Il est donc clair que la gouvernance désastreuse et antipatriotique de notre économie, à travers la gestion cavalière de ses finances, enfonce inexorablement le pays dans une spirale d’endettement qui conduira - si rien n’est fait- à l’effondrement de tout le système économique national ; avec l’aggravation du chômage et de la pauvreté de masse comme corollaire.