Le 18 septembre 2024, Eneo, le concessionnaire du service public de l’électricité au Cameroun, a lancé une opération d'ouverture contrôlée des vannes du barrage hydroélectrique de Lagdo, dans le nord du pays. Ce geste s’inscrit dans le cadre des mesures de prévention face à la montée inquiétante des eaux causée par de fortes précipitations dans la région. Les premières décharges d’eau se sont effectuées à un débit de 100 m³/s, représentant un volume total de 8 640 000 m³ d'eau libérés chaque jour.
Situé sur le fleuve Bénoué, le barrage de Lagdo joue un rôle stratégique dans la production d’électricité, mais sa gestion est également cruciale pour éviter des inondations dans les zones en aval, notamment au Cameroun et au Nigeria. Chaque année, la libération des eaux du barrage suscite une grande inquiétude, particulièrement dans les États nigérians riverains de la Bénoué. Cette année encore, les autorités nigérianes ont émis des alertes sur les risques potentiels d'inondation dans 11 États du pays, notamment Adamawa, Anambra, Bayelsa, Bénoué, Cross River, Delta, Edo, Kogi, Nasarawa, Rivers, et Taraba.
L'Agence nigériane des services hydrologiques (NIHSA) a averti que la libération des eaux du barrage camerounais pourrait aggraver une situation déjà critique dans certaines de ces régions, où des inondations avaient déjà causé des pertes humaines et des déplacements massifs. "Le lâcher d'eau sera régulé afin de s'assurer que les niveaux d'eau ne dépassent pas la capacité du système fluvial de la Bénoué, évitant ainsi des inondations majeures dans les zones en aval du Nigeria", a rassuré Umar Mohammed, directeur général de la NIHSA.
Les populations des régions touchées gardent en mémoire les inondations dévastatrices des années précédentes, où des centaines de vies ont été perdues et des milliers de personnes déplacées. La libération des eaux de Lagdo, bien que nécessaire pour éviter une surcharge du barrage, reste un sujet de grande préoccupation pour les communautés riveraines. Le défi pour les autorités camerounaises et nigérianes est de maintenir une coordination efficace pour prévenir une catastrophe humanitaire.