Pour de nombreux analystes aujourd'hui, les difficultés auxquelles est confronté le secteur public de l'électricité, sont fortement corrélées aux performances de l'économie camerounaise sur la période 1990 à 2010. Et comment ?
L'économie camerounaise a connu une période de stagnation entre 1990 et 2006.
C'est même un secret de polichinelle aujourd'hui.
Une période pendant laquelle les investissements publics dans le secteur de l'électricité ont été gelés du fait de la diminution drastique des ressources budgétaires de l'Etat qui ne lui permettaient plus de s'endetter auprès des institutions financières internationales. Des sources concordantes vont indiquer à ce sujet que cette faible capacité d'endettement de l'Etat durera près de 20 ans jusqu'à l'atteinte de l'initiative
Pays pauvre très endetté (Ppte) en 2006. Suite donc à l'allègement de la dette de l'Etat en 2006, le gouvernement mettra en place un nouveau cadre des investissements dans le secteur de l'électricité à travers le Document de stratégies pour la croissance et l'emploi Dsce (2010-2020) qui permettra à l'Etat de reprendre la dynamique des investissements publics dans le secteur de l'électricité après 20 années de stagnation. Tout ceci dans le but de rattraper la période de retard occasionnée par le gel des investissements. En realite, de nombreux anaIystes indiquent qu'entre les années 1950 et 1990, la totalité des investissements majeurs réalisés dans le secteur de l'électricité se sont faits sur les ressources de l'Etat qui les mettaient à la disposition de la société publique d'électricité. Les mêmes analystes ajoutent que durant cette période, l'Etat, sur la base de sa trésorerie s'endet-tait pour le compte de la société publique de l'électricité auprès de divers bailleurs de fonds. Cette stratégie a non seulement permis de développer les ouvrages de production d'électricité tels que Songloulou, Edéa et Lagdo, mais aussi la structuration du réseau de transport et de distribution de l'élec-tricité. Malheureusement, la survenance de la crise économique en 1987, du fait de la chute des cours mondiaux des principales matières premières d'exportation, a stoppé le développement des investissements du secteur de l'électricité qui étaient exclusivement adossés sur les recettes de l'Etat. L'on indique dans la foulée que le dernier ouvrage majeur de production financé par l'Etat à travers la Société nationale d'électricité (Sonel) aura été l'extension de la centrale hydroélectrique de Songloulou en 1988.
Ainsi entre 1990 et 2006, aucun nouvel ouvrage de production hydroélectrique ne sera exécuté.
Aucun autre investissement majeur dans le réseau de transport également. Des langues qui ne cessent de se délier indiquent que tous les projets de production envisagés pour succéder au barrage de Songloulou à l'effet de satisfaire la demande en électricité seront ainsi suspendus, à l'instar de Lom Pangar,
Nachtigal, Memve'ele. Il en sera de même pour les projets de transport d'électricité tels que l'augmentation des capacités de transformation et le bouclage des principales villes du pays.
Conséquences
Des sources concordantes susurrent que cette période de stagnation ne va pas manquer de produire des conséquences majeures au début des années 2000 où pour la première fois le mot « délestage » va être prononcé du fait d'un déséquilibre structurel entre l'offre et la demande en électricité. Un déficit qui va d'ailleurs se justifier par le fait que pendant la période de gel des investissements conséquence immédiate de la crise économique), la demande en électricité quant à elle augmentait du fait notamment de l'évolution de la démographie. Des analystes pointilleux indiquent qu'au cours de cette période (1990-2010), la population du Cameroun va augmenter de 54%, alors que les capacités de production, de transport et de distribution d'électricité ne vont pas suivre la même tendance. A la faveur des nouvelles marges budgétaires dont il dispose désormais depuis les années 2010, l'Etat du Cameroun va réaliser divers investissements aussi bien dans la production, que dans le transport et la distribution de l'électricité. Ces investissements visent principalement à rattraper le retard et de se projeter vers un avenir beaucoup plus prometteur.