Grâce à la mise en œuvre par le ministre des Finances, d'un plan de restructuration de la dette de la raffinerie nationale, l'enveloppe due aux banques locales a baissé de 8 milliards durant le premier semestre 2022.
On s'attendait au pire. Mais, force est de constater aujourd'hui que malgré le contexte actuel de crise économique, la Société Nationale de Raffinerie (Sonara) s'en est bien tirée en soldant une partie de sa dette intérieure, au cours des six premiers mois de cette année 2022. Selon la récente note de conjoncture mensuelle de la dette publique du Cameroun, publiée par la Caisse Auto-
nome d'Amortissement (CAA), l'encours
de cette dette est allé décroissant depuis le début de l'année, passant de 284milliards en janvier à 277,6 milliards de francs CFA au 31 juin 2022. Dans le détail, la dette due aux fournisseurs est restée bloquée à 28,8 milliards de francs CFA en six mois, tandis que celle due aux banques locales a baissé de près de 8 milliards de francs CFA, passant de 255,2 milliards en janvier à 247,2 milliards de francs CFA à fin juin.
Restructuration de la dette
De nombreux experts placent la baisse de l'encours de la dette intérieure de la Sonara au rang des acquis du plan de restructuration de la dette de la raffinerie nationale, décidée par le ministre des Finances. Le 15 octobre 2021, Louis Paul Motaze a en effet scellé avec neuf
Banques créancières de l'entreprise, regroupées au sein de l'Association des Professionnels des Etablissements de
Crédit du Cameroun (Apeccam), un accord d'un montant de 261,4 milliards de FCFA représentant le plan de restructuration de la dette de la Sonara sur une période de 10 ans avec un taux d'intérêt de 5,5 %. Selon la convention signée entre les parties, les paiements se font par mensualité auprès de UBACameroon, BGFI Bank, Afriland First
Bank, Ecobank, Société Générale Cameroun, Standard Chartered Bank. CCA Bank, Bicec et CBC.
L'entente en vue de la restructuration de la dette due aux banques est intervenue au terme de 10 mois de négociations conduites par un groupe de travail mis sur pieds par le ministre des Finances, un an apres l'incendie du 31 mai 2019, obligeant l'entité publique à geler une bonne partie de ses activités. Il faut rappeler qu'au lendemain de ce sinistre, la Sonara portait un endettement évalué à environ 717 milliards de FCFA dont 284 milliards de FCFA au titre de la dette bancaire. Le plan de restructuration de la dette de la Sonara vise donc à inscrire l'entreprise dans un processus de désendettement par consolidation et par
rééchelonnement des dettes échues et impayées sur le long terme à des conditions financières plus favorables, grâce au confort apporté par l'Etat, en tant que sponsor.
L'État paie progressivement
La prochaine étape de ce processus concerne le paiement de la dette envers les traders, entendus comme les entreprises qui approvisionnent le pays en produits pétroliers. Comme avec les banques, l'Etat du Cameroun se prépare à conclure une convention du même type avec sept traders, qui réclament
près de 272,8 milliards de FCFA à l'unique raffinerie de pétrole du pays.
Même le paiement d'une partie de la dette qui leur est due est effective depuis près de deux ans. En effet, selon le rapport sur la situation des entreprises et établissements publics du Cameroun, l'Etat a procédé au 31 décembre 2020, au remboursement partiel de cette
dette à hauteur de 25 milliards dont 20,2 milliards aux banques locales et 4,7 milliards au Trader Glencore. Bien plus, poursuit le document, l'Etat a procédé au paiement partiel, à travers le compte spécial de la somme de 31,2 milliards au profit des banques locales et près de 39,1 milliards de FCFA au profit des Traders.
Pour rappel, la restructuration de la dette
d'une entreprise vise à trouver des solutions de remboursement plus adéquates avec les créanciers. Elle s'accompagne souvent d'une restructuration operationnelle qui aide à établir les mesures nécessaires pour redresser l'activité entrepreneuriale. Il s'agit donc d'une réorganisation des obligations de l'entreprise qui permettra de redresser ses finances et de rétablir sa productivité.