Cameroun : l'illusion des richesses minières

Richesse Miniere Cameroun Le Cameroun est souvent présenté comme un « scandale géologique »

Tue, 19 Mar 2024 Source: Le Zentih

Au moment où le Cameroun s’apprête à abriter la Conférence internationale des mines en Mai prochain, où le potentiel national sera présenté, les populations riveraines de sites d’exploitation crient au scandale de nombreux manquements. Décryptage.

Le Cameroun est souvent présenté comme un « scandale géologique » au même titre que la RDC, l’Afrique du Sud ou l’Algérie. Les minerais les plus en vue sont contenus dans son sous-sol où pétrole, fer, or, rutile, cobalt, nickel, bauxite…..sont généralement cités. Longtemps mis sous le boisseau, l’État s’est résolu à lancer l’exploitation après moult études préalables, dans l’optique de franchir l’ambitieuse étape de l’émergence économique, projetée en 2035.C’est dans cette optique que s’inscrivent les démarrages des projets : les mamelles de Lobe-Kribi, Mbalam Nabeba et Bipindi/Grand Zambi. Pour mieux expliquer les enjeux de l’économie minière aux populations, le Cameroun a postulé à l’organisation de la conférence internationale Mines exposition (CIMEX), où il sera présenté le riche potentiel minier assorti des retombées économiques, qui fit du Cameroun, un partenaire de choix dans la galaxie minière internationale.

L’occasion sera ainsi donné d’oublier les brimades que subissent les populations riveraines des sites d’exploitation artisanale dominés par les « colons asiatiques ».Votre journal avait d’ailleurs largement fait écho des humiliations d’exploitants traditionnels de Kamouna, par les exploitants chinois qui se livrent à un capitalisme sauvage, de traite négrière. Des signaux venant de Bipindi ou Mbalam confirment malheureusement que la mine, loin d’être une source de richesse, est plutôt une arène à conflit et misère avec pour preuve l’insécurité quasiment endémique de certains pays africains. (RCA, RDC, Niger, Mali, Libye, Soudan etc… .)

Réserves L’enthousiasme outrancier du ministre par Intérim des Mines, de l’industrie et du développement technologique, Pr Fuh Calixtus Gentry lors de l’annonce officielle du CIMEX, contraste avec les plaintes des populations riveraines qui se disent victimes d’une escroquerie. Ceux qui ont eu le loisir de visiter les localités de Grand Zambi, Lobe et autres confirment la vaste supercherie : les emplois promis sont en attente, au lancement des travaux en grande pompe, aucun cadre du projet n’est autochtone de la localité, juste quelques ouvriers triés sur le volet. Une route des plus sinueuses conduit à la base vit avec du bitume sommaire. Pourtant il avait été programmé une autoroute jusqu’au port de Kribi.

Les images d’inondations ont récemment défrayé la chronique au village Kouambo non loin du site. En guise de retombées économiques, on recense juste quelques forages et des indemnisations lilliputiennes frisant le ridicule. Là où les populations ne sont pas éveillées, les titres fonciers ont été annulés par le Mindcaf, excipant la déclaration d’utilité publique d’une parcelle du domaine national. La société civile se propose d’ailleurs, d’intensifier le plaidoyer pro domo afin que les populations riveraines jouissent réellement des avantages issus de l’exploitation minière qui se déroule sur la terre de leurs ancêtres.

Au rythme où vont les choses, si rien n’est fait les troubles sociaux pourraient naître, aux conséquences qu’on ose nommer. Le gouvernement a anticipé depuis plus d’une décennie en formant les cadres supérieurs de mines, géologie, pétrole et gaz, les concessionnaires font venir la main d’œuvre ailleurs. Idem pour la technologie, tous les ingénieurs dans le secteur, souvent appréciés ailleurs, n’arrivent pas à élaborer un modèle qui sorte du lot afin de permettre à nos Etats de décoller et profiter au maximum des bienfaits de l’exploitation minière.

Les populations des régions de l’Est et du Sud, dont le loyalisme envers les institutions n’est plus à démontrer interpellent le patriotisme des autorités afin que tout soit mis en œuvre pour que Bipindi, Akom2, Ngoyla, Lomie, Moloundou, palpent la modernité engendrée par l’exploitation industrielle des richesses minières. Les élites doivent absolument veiller au bien-être des populations au lieu de perpétuer la mendicité et l’assistance comme il est de coutume. Pour mémoire, l’ancien ministre Gabriel Dodo Ndoke s’apprêtait à stopper l’exploitation inhumaine de l’or à Kamouna quand il aété fauché par la grande faucheuse.

Source: Le Zentih