Le niveau d'endettement des entreprises publiques camerounaises devient préoccupant, notamment pour le Fonds monétaire international. En visite au Cameroun, le directeur général adjoint de l'institution de Bretton Woods, Mitsuhiro Furusawa, a révélé qu'une grande partie des entreprises publiques camerounaises «affichent un endettement élevé, couplé à des arriérés».
Partageant ses réflexions dans un document intitulé Débloquer le potentiel de croissance du Cameroun, dans lequel il dresse une série de propositions au gouvernement camerounais pour sortir le pays de son impasse économique actuelle, le responsable du FMI explique que seuls «une amélioration de l'information financière et un renforcement de la surveillance de la gestion de ces entreprises protégeront le budget de l'Etat contre les passifs conditionnels qui y sont liés».
De son côté, la presse locale a souvent dénoncé la mauvaise gouvernance, les grilles salariales très confortables et les avantages de trop offerts dans ces entreprises créant des endettements excessifs.
Des subventions pour combler le déficit
Mais le FMI ne s'inquiète pas seulement du niveau d'endettement des entreprises publiques, mais aussi de l'approche dans la gestion de la dette. Avec une bonne cote sur le marché des capitaux (comme le prouvent les récentes descentes du Cameroun sur le marché financier), l'Etat garantit les crédits des 127 entreprises publiques, allant même jusqu'à supporter le volume de la dette en cas d'incapacité d'une entreprise, via des subventions (1% du PIB selon, Mitsuhiro Furusawa).
C'est le cas notamment de la compagnie aérienne publique Camair, détenue à 100% par l'Etat et dont le Trésor a supporté les dettes depuis 2011. Une approche qui met à mal les finances publiques. En effet, comme le relevait en février 2016 Elung Paul Ché, ministre camerounais délégué auprès du ministre des Finances, «l'accroissement de l'endettement de ces entreprises pourrait, à moyen terme, constituer un risque pour le budget de l'Etat».
D'après celui-ci et pour une plus grande efficience, «les entreprises devraient recourir de moins en moins aux subventions provenant du budget de l'Etat, et élargir leurs outils de financement, en s'orientant vers les formules nouvelles comme les prêts non souverains des partenaires au développement ou des banques privées».