Cameroun : le gros péché d’Hevecam qui tue la population

Hevecam, l’entreprise agro-industrielle de la région du sud du Cameroun, est beaucoup mentionnée ces dernières semaines. Christian Mvolo Emvolo donne son opinion, dans une publication titrée : « Au cœur de la douleur, les larmes des communautés riveraines face à l’indifférence d'Hevecam et à l’hypocrisie de l’État ».

L'examen de la situation de la société Hevecam dans l'arrondissement de Niété met en lumière une dynamique complexe qui illustre les relations interpersonnelles, économiques et politiques entre l'entreprise, les communautés riveraines et l'État. En tant que pilier de l'économie locale, HEVECAM joue un rôle significatif, mais son implantation soulève des interrogations critiques sur la gouvernance, l'équité sociale et les responsabilités environnementales.

Au cœur de cette problématique se trouve le conflit persistant entre Hevecam et les communautés riveraines. L’occupation de terres par l’entreprise, sans une compensation adéquate des propriétaires, a engendré une rancœur profonde. Le bail emphytéotique, censé régir cette occupation, est souvent perçu comme un instrument de désavantage pour les populations locales plutôt qu'un mécanisme de protection de leurs droits.

Ce manquement aux engagements financiers a engendré un climat de méfiance, surtout quand les habitants se sentent écartés des processus de recrutement. Les préoccupations concernant la partialité dans les embauches et le licenciement rapide des cadres locaux soulignent une dynamique où le pouvoir est déséquilibré, alimentant ainsi un sentiment d'exclusion et de frustration.

D'un point de vue sociologique, la situation révèle des tensions ethniques et régionales. La majorité des ouvriers d'Hevecam proviennent des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, où les luttes pour la reconnaissance des droits et les injustices historiques sont palpables. Cette réalité exacerbe les divisions, car ces populations, souvent considérées comme des « intrus » par les communautés locales, intensifient les sentiments de rivalité et de rejet. Les alliances politiques, où Hevecam semble s'arranger avec certaines chefferies locales, compliquent encore la situation, empêchant une représentation authentique des intérêts des riverains.

La question de l'accès aux soins de santé est une autre dimension révélatrice de l'engagement social d'Hevecam, qui apparaît souvent hypocrite. Bien que l'entreprise ait promis de fournir des soins aux populations riveraines, cette promesse est rarement appliquée de manière équitable. Le choix des bénéficiaires est souvent influencé par des critères biaisés, ce qui nourrit un sentiment d'injustice et de négligence au sein des communautés. Cela soulève des questions éthiques importantes sur la responsabilité sociale des entreprises et leur rôle dans le développement local.

Concernant l'État, son rôle dans cette affaire est préoccupant. L'absence d'une régulation rigoureuse et d'un suivi des engagements d'HEVECAM laisse transparaître une complaisance, voire une complicité. En tant que protecteur des droits des citoyens, l'État devrait agir en tant que médiateur, mais il semble souvent privilégier les intérêts d'une entreprise au détriment des populations locales.

Ce constat est aggravé par le manque d'infrastructures, comme la dégradation de la route reliant Hevecam à Kribi, qui est essentielle tant pour l'entreprise que pour les habitants. L'inaction de l'État face à cette problématique soulève des interrogations sur sa capacité à défendre les intérêts de ses citoyens et à encourager un développement harmonieux.

En définitive, l'analyse de la situation d'Hevecam dans l'arrondissement de Niété met en exergue des dysfonctionnements systémiques dans les relations entre l'entreprise, les communautés locales et l'État. Une réévaluation des enjeux de gouvernance, d'équité sociale et de responsabilité citoyenne est cruciale pour instaurer une véritable coopération qui profite à toutes les parties concernées. Cela exige un engagement authentique d'Hevecam à respecter ses obligations envers les populations riveraines, ainsi qu'une intervention proactive de l'État pour garantir une régulation équitable et une répartition des bénéfices économiques.