Ce montant avait été collecté auprès de 7000 agriculteurs et éleveurs en 2016, à l’initiative du défunt président Janvier Mongui Sossomba, pour pallier minimalement l’absence de la banque agricole annoncée par Paul Biya depuis 2011. Mais, l’actuelle administration de la Capef a décidé de mettre une croix sur le projet, sans s’expliquer sur le sort réservé à cet agent.
La Chambre d’agriculture, des pêches, de l’élevage et des forêts (Capef) du Cameroun a annoncé, début avril 2022, la mise sur pied d’un nouvel outil destiné à faciliter l’accès des producteurs ruraux aux micro-crédits avec des conditions d’accessibilité simples et à des taux d’intérêt très bas. Le futur mécanisme se veut calqué sur les modèles utilisés en Inde ou encore en Indonésie, qui fait recours à des comités d’intermédiaires financiers. L’idée, selon la Capef, est que le système mis en place permette d’assurer la fluidité des devises, leur stabilité dans l’économie nationale et leur circulation aisée entre les ressortissants de la chambre. Dans la foulée de cette annonce dont la concrétisation est scrutée de près par les acteurs du monde rural – la date de fin avril 2022 avait été avancée -, l’actuelle équipe dirigeante de la Chambre d’agriculture a annoncé avoir mis une croix sur le projet de création d’un établissement de microfinance (Emf) agricole, projet cher à l’ancien président Janvier Mongui Sossomba. L’ex-maire de Dimako dans la région de l’Est avait, en effet, été à l’initiative de ce projet pour la Capef qui constitue auprès des pouvoirs publics, l’organe consultatif et représentatif des intérêts des professionnels de l’agriculture, de la pêche, de l’élevage, de la forêt et de la faune.
Depuis son décès en mai 2018, l’initiative avait été rangée dans les tiroirs. Or, en octobre 2015, il avait lancé une campagne de mobilisation des fonds pour la constitution du capital de l’établissement. Celle-ci s’était achevée en mai 2016, et Janvier Mongui Sossomba avait annoncé qu’une Assemblée générale constitutive allait se tenir sous deux mois, en vue de l’adoption des statuts de cet établissement, de la mise sur pied de ses organes sociaux, etc. Logiquement donc, cette instance aurait dû siéger depuis juillet 2016. Pas moins de 7000 souscriptions avaient été enregistrées sur l’ensemble du territoire dans le cadre de cette opération, et 80% des souscripteurs étaient des ruraux. Dans le détail, cet Emf avait vocation à créer les conditions nécessaires pour l’accord, à court terme, de crédits pour 300 organisations des secteurs agropastoral, halieutique et sylvicole, pour le renforcement technique et managérial des organisations des producteurs, pour la création de plus de 15ooo emplois directs, pour l’augmentation de la production rurale, pour la facilitation de la commercialisation des produits de groupe, pour l’augmentation des revenus des ménages, etc.
Bouche-trous
Types d’activités à financer : les outils de production, de transformation et de conservation ; la commercialisation ; la protection de la gestion durable des écosystèmes ; l’aménagement de l’espace rural ; etc. Mais, sept ans plus tard, le projet semble subir le triste sort réservé à la Banque agricole annoncée depuis janvier 2011 par le président de la République, Paul Biya, lors du tout dernier comice agropastoral organisé au Cameroun, à Ebolowa dans la région du Sud.
Dans une interview accordée à EcoMatin, le 19 novembre 2018, la vice-présidente de la Chambre d’agriculture, Elissar Mbang Ekoutou, avait reconnu que le décès du président Mongui Sossomba, en mai de la même année, a retardé le démarrage des activités de cette structure. Elle avait ensuite annoncé la tenue de la première Assemblée générale en 2019. Celle-ci n’a jamais eu lieu et, depuis lors, c’est l’omerta totale autour du projet qui devait jouer les bouche-trous dans le domaine du financement des activités agricoles, en attendant la banque agricole promise par Paul Biya. Depuis avril dernier, toutes nos tentatives d’avoir une explication du président de la chambre sur le sort des 2 milliards Fcfa collectés auprès des acteurs du monde rural ont été vaines. Martin Paul Mindjos Momeny, l’actuel patron de la Capef, a été nommé par décret présidentiel en février 2021.Cameroun: le projet de microfinance agricole enterré avec un capital de 2 milliards FCFA