Cameroun : les chauffeurs de taxi dictent leur loi

Taxi Yaoundé CEMAC Chacun fixe son prix

Fri, 17 Feb 2023 Source: Le Jour du 15-02-2023

Transport urbain. Depuis le lundi 13 février 2023, ces conducteurs veillent

à l’application des nouveaux tarifs malgré le désarroi des usagers.

Debout au lieu-dit Mobil Elig-Essono, Honorine marmonne : « plus d’une heure de temps à stopper le taxi. Les pieds me font déjà mal. Ils refusent mes 150 Fcfa ou quoi ? » La jeune dame se rend à la Mobil Omnisports. Quelques minutes plus tard, deux jeunes hommes près d’elle proposent 500 Fcfa, deux places Mobil Omnisports. Le taximan klaxonne en signe d’acquiescement et ils embarquent. « Je ne débourserai pas plus de 150 Fcfa. Je comprends maintenant pourquoi personne ne veut me porter », s’écrie Honorine. Un véhicule de transport en commun s’immobilise près d’elle. « Soa, Eleveur, Mobil Omnisport ». « Mobil Omnisport c’est combien ? », interroge-t- elle.

« Ce n’est plus 100 Fcfa. C’est désormais 150 Fcfa», précise le convoyeur. Visiblement soulagée, elle se faufile dans le car. La scène interpelle plus d’une personne en ce lieu. « Depuis ce matin, les taximen se conduisent comme des petits rois. Non seulement il faut payer 300 Fcfa mais en plus, ils exigent d’avoir les pièces de monnaie », lance un usager.

Plus loin, au lieu-dit Fokou Emana, hier dans la matinée, une jeune dame stoppe le taxi. Elle propose 300 Fcfa pour le ministère des Finances. « Ma chérie, tu vas dormir là. Tu es arrivée en ville aujourd’hui », lui lance un conducteur de taxi. « C’est petit », lui dit un autre. « Vous pensez que nous même nous voyons du bien », rétorque-t-elle. Sous un soleil ardent, l'attente se fait longue. Elle est obligée de proposer 400 Fcfa pour se faire conduire à sa destination.

Les usagers aux abois

Depuis quelques jours, les usagers vivent le calvaire à la suite de la hausse des prix du carburant. Si quelques-uns hésitaient à se conformer aux nouveaux tarifs, depuis le lundi 13 février, ils se sont arrimés à la nouvelle donne et n’hésitent pas à dicter leur loi. Certains usagers l’ont constaté lors des remboursements. Palais de justice, un client descend du taxi. Ce dernier qui a remis un billet de 1000 Fcfa se voit rembourser 700 Fcfa. « Je n’ai pas proposé 300 chauffeur », s’exclame-t-il. Le chauffeur répond : « le taxi c’est désormais 300 F le père ».

« Comment ça ? », rétorque-t-il la main tendue vers le taximan qui démarre en trombe. Les usagers se disent assiégés de toutes parts avec la conjoncture économique actuelle. « Depuis que le prix du carburant a augmenté, nous souffrons. Les tarifs du taxi sont passés automatiquement de 250 à 300 Fcfa. C’est asphyxier les Camerounais », s'indigne Yvanna Nke. Et d’ajouter : « Nous avons déjà des difficultés financières si tout doit augmenter même le transport, c'est un véritable problème. Nous sommes du secteur privé, la hausse des salaires ne nous concerne pas ». Chacun y va de sa plainte. «

Les 50 Fcfa là sont énormes.

Imaginez-vous la dépense supplémentaire en un mois si vous aviez l'habitude de dépenser

1000 Fcfa par jour pour le transport. Nous sommes fatigués de la hausse des prix. Pourtant, les conditions de vie ne changent pas. C’est de trop. Les 50 Fcfa servaient à résoudre un autre problème », indique Antoine Mvogo, commerçant. Mariam Hadji évoque un problème d’équité.

« Les agents du service public ont connu une augmentation de salaire, et nous alors qui sommes dans le secteur privé. Qu’en est-il ? Mais, nous sommes tous appelés à payer le même tarif », indique la jeune femme. Charles Otomo, étudiant, n’a pas vu son argent de poche augmenter. « L’argent de transport est resté le même. C’est à moi de développer des astuces pour finir les semaines. Je suis obligé de faire une partie du chemin à pied pour essayer de prendre le taxi à 250 Fcfa. Je le fais aller et retour, mais c'est pénible et fatiguant ».

300 Fcfa ou rien « Avec le carburant de 12 000 Fcfa, je travaillais toute la journée. Depuis l’augmentation du prix du carburant, je suis passé à 14 500 Fcfa. Comment je fais pour avoir la recette ? Le bénéfice ? Les clients n’ont manifesté aucune compassion à notre égard. Je suis sans pitié pour eux. Désormais, c’est 300 Fcfa ou rien et 350 Fcfa dans la nuit. Je tolèrerai les 100 Fcfa sur les courtes distances juste pour avoir la monnaie », explique un taximan. Il prévient : « il faudra avoir les pièces pour espérer trouver un taxi. »

Source: Le Jour du 15-02-2023