Cameroun : les sociétés brassicoles veulent ajouter 50 f cfa sur chaque bière

Les sociétés brassicoles sollicitent une hausse des prix de 50 F

Thu, 24 Mar 2022 Source: Le Messager N°5982

Les sociétés brassicoles sollicitent une hausse des prix de 50 F afin de compenser les surcoûts d’importation.

Immeuble Etoile, Yaoundé, 18 mars. Le Premier ministre, Joseph Dion Ngute, reçoit les opérateurs économiques et la société civile, le Groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam), pour trouver de manière concertée, un ensemble de propositions visant à atténuer les effets de la conjoncture internationale (hausse des prix des matières premières, du fret, du fuel et des engrais) dans certaines filières de production. C’est le cas par exemple des industries brassicoles, pour lesquelles le Gicam plaide pour une augmentation de 8% des prix aux consommateurs. Selon la principale organisation patronale du Cameroun, cette révision des prix de « 50 Fcfa Ttc sur un prix public conseillé de 650 Fcfa la bouteille de 65 cl »permettra de compenser 28 milliards de F sur des surcoûts d’importation de 35 milliards de F enregistrés entre 2020 et 2022 par les sociétés brassicoles du pays. Ces surcoûts sont consécutifs à l’explosion des prix des matières premières et du fret à l’international, après l’atténuation de la pandémie du Covid-19 et le déclenchement, fin février 2022, du conflit russo-ukrainien.

« L’industrie brassicole utilise massivement des matières premières, des emballages, des équipements et des pièces de rechange majoritairement importés, l’offre locale étant soit insuffisante soit inexistante (…) Sa dépendance aux importations pour environ 50% de son coût de production fait qu’elle est exposée aux facteurs exogènes… », explique le Gicam. Concrètement, apprend-on, en raison de l’inflation constatée sur le marché mondial, les cours mondiaux des principales matières premières des entreprises brassicoles (malt, sucre, gritz, préforme, monopropylène, capsules vis, etc.) ont cru de 10 à 201%. Dans le même temps, le fret maritime a explosé de 300% au départ de l’Asie, et de 200% pour les embarquements depuis le continent européen.

44 milliards de F de pertes

De l’avis du Gicam, cette réalité a induit une augmentation de 20% des coûts de production par hectolitre de produits brassicoles, ainsi que des pertes cumulées d’un montant de plus de 44 milliards de F, du fait, entre autres raisons, « du non ajustement des prix » des produits finis des entreprises brassicoles. Depuis cette sortie du Gicam, les ruelles camerounaises bruissent moins d’analyses sur la relance de la production du cacao qu’elles ne charriaient des rumeurs sur l’augmentation du prix d’un breuvage abondamment consommé. Sans telle hausse des prix, avance une source proche du dossier, les sociétés brassicoles seraient amenées à des mesures de restructuration : des licenciements pouvant aller jusqu’à 15 % des effectifs chez certaines, arrêt des approvisionnements en matières premières locales, et enfin un gel des investissements. « Augmentez le prix de la bière et vous obtiendrez une révolution », avertissent déjà les piliers de comptoir. Il faut signaler que le plaidoyer du Gicam en faveur des producteurs locaux de boissons gazeuses et alcoolisées survient après la validation par le gouvernement d’une hausse des prix du sac de farine de blé de 50 kg et de la baguette de pain.

En effet, le 15 mars 2022, après autorisation de la « haute hiérarchie », le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, a verbalement annoncé aux meuniers et boulangers le quitus du gouvernement pour une augmentation de 5 000 F sur le sac de farine de blé de 50 kg, et de 25 F sur la baguette de pain de 200 grammes. À l’origine de cette hausse des prix, apprend-on, se trouve l’explosion des cours mondiaux du blé depuis le déclenchement, au mois de février 2022, des bombardements russes sur l’Ukraine. Pour rappel, chaque année, la Russie livre au Cameroun environ 35% du blé consommé dans le pays, selon les statistiques officielles.

Source: Le Messager N°5982