Le Cameroun peine à atteindre ses objectifs de production laitière malgré les efforts engagés par les pouvoirs publics. Selon les dernières données du ministère de l'Élevage, des Pêches et des Industries Animales (Minepia), la production nationale de lait s'est élevée à 176 618 tonnes en 2023. Ce chiffre reste en deçà de la cible fixée à 200 450 tonnes, un objectif essentiel dans le cadre de la Stratégie nationale de développement (SND 30). Le déficit de 23 832 tonnes enregistré cette année met en lumière les défis persistants auxquels le pays est confronté, dans un contexte où la demande nationale est estimée à 787 000 tonnes d'ici 2030.
Le Minepia explique cette contre-performance par plusieurs facteurs, notamment les conséquences du conflit russo-ukrainien en 2022 et l'augmentation du prix du carburant en février 2023. Ces événements ont eu un impact direct sur la production laitière, fragilisant encore davantage une filière déjà vulnérable. Malgré les ambitions affichées par le gouvernement camerounais, qui aspire à atteindre l'autosuffisance alimentaire pour conquérir les marchés de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (Ceeac), les résultats sont encore loin d’être à la hauteur.
La dépendance du Cameroun aux importations de lait semble inévitable à court et moyen terme. Le Plan intégré d’import-substitution agropastoral et halieutique (Piisah) pour la période 2024-2026, conçu par le ministère de l'Économie, prévoit une réduction progressive de cette dépendance, avec un objectif de cessation totale des importations d’ici 2035. Pour y parvenir, le Cameroun devra accroître sa production annuelle de 10% et importer en moyenne 239 000 tonnes de lait chaque année.
Toutefois, la réalisation de cet objectif repose sur plusieurs conditions essentielles. Il s'agit notamment de l'acquisition d'infrastructures de conservation et de stockage, de la structuration de la filière en une interprofession indépendante, du désenclavement des bassins de production, ainsi que de la formation et du renforcement des capacités des acteurs pour maîtriser les processus de collecte, de conservation, de transport et de transformation du lait. Si ces défis sont relevés, la production nationale pourrait atteindre 471 675 tonnes en 2035.
En attendant la concrétisation de ces plans, le Cameroun continue de recourir aux importations pour combler le déficit. Selon l'Institut national de la statistique (INS), le pays a importé 17 217,9 tonnes de lait en poudre ou concentré en 2023, pour une valeur de 35 milliards de FCFA. Cette dépendance aux importations persiste malgré une légère augmentation de la production locale, qui a progressé de 3 010 tonnes en 2023 par rapport à l'année précédente, pour atteindre 176 618 tonnes.
Le gouvernement attribue cette légère embellie à une participation accrue du secteur privé et à l'importation de vaches laitières « hautement productives ». Depuis 2020, le Cameroun a importé 495 génisses gestantes de race montbéliarde en provenance de France, dont 165 en janvier 2023. Ces vaches, avec une production estimée à 40 litres de lait par jour, sont intégrées dans le cadre du projet de développement de l'élevage (Prodel), financé à hauteur de 134,1 millions de dollars (environ 78,4 milliards de FCFA) sur six ans.