Les pluies diluviennes qui se sont abattues sur la région de l'Extrême-Nord au Cameroun entre le 11 et le 21 août 2024 ont causé des ravages considérables, détruisant près de 3 000 hectares de cultures. Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), relayé par le journal économique EcoMatin, ces chiffres représentent presque le double des pertes enregistrées entre août et septembre de l'année précédente. La région, habituée à subir des inondations dévastatrices entre les mois d'août et octobre, a une nouvelle fois été fortement impactée, affectant de nombreux secteurs vitaux.
Les départements du Diamaré, du Logone-et-Chari, du Mayo-Danay et du Mayo-Tsanaga sont particulièrement touchés par ces intempéries. Outre les pertes agricoles, le Bureau Ocha fait état de la destruction de 8 600 maisons, de la mort de 1 178 têtes de bétail et du déplacement de 19 000 ménages, soit environ 159 000 personnes touchées. Le bilan humain fait également état de sept décès et de huit blessés durant cette période.
Les conséquences économiques de ces inondations sont profondes. La destruction des cultures, notamment le riz, le maïs et le sorgho, accentue une crise alimentaire déjà pressante dans la région de l'Extrême-Nord. D'après la délégation régionale de l'Agriculture et du Développement rural, les céréales, qui constituent environ 70% de l'alimentation de la région, connaissent une flambée des prix. À Maroua, par exemple, le sac de 100 kilogrammes de maïs se vend actuellement à 40 000 Fcfa, contre 20 000 Fcfa il y a encore quelques mois. Le sac de 120 kg de riz est passé de 58 000 Fcfa à 68 000 Fcfa, et celui de mil a grimpé à 45 000 Fcfa, contre 35 000 Fcfa il y a peu. Le sorgho, pour sa part, oscille entre 22 000 et 23 000 Fcfa, contre 20 000 Fcfa auparavant.
Cette situation accentue l'insécurité alimentaire qui touche déjà 2,9 millions de Camerounais, soit 10,6% de la population, selon les données du Cadre harmonisé des zones à risque publiées en décembre dernier. Avec les récoltes dévastées et les prix des denrées alimentaires qui s'envolent, l'Extrême-Nord se trouve en première ligne d'une crise alimentaire imminente.
Face à cette situation récurrente d'inondations dans la région, la construction de la Digue route Kousseri-Yagoua, annoncée en 2012 par le président Paul Biya, aurait dû apporter une solution durable. Ce projet, dont les études de faisabilité ont été réalisées par le Ministère de l'Économie, de la Planification et de l'Aménagement du territoire (Minepat), nécessitait un financement estimé à 1 000 milliards de Fcfa. Cependant, plus de dix ans après son annonce, cette digue n'a toujours pas vu le jour en raison de l'absence de financement, laissant la région vulnérable face aux inondations annuelles.