Le ministre des Finances(Minfi), Louis Paul Motaze, a estimé que la subvention des prix des carburants à la pompe devient insoutenable pour l’Etat. En effet, a-t-il expliqué, le Cameroun fait face à des crises successives qui compliquent davantage sa situation financière. Outre la crise sanitaire à COVID 19, crises socio-politiques à l’Extrême-Nord, au Sud-Ouest et au Nord-Ouest, entre autres, les répercussions de la guerre en Ukraine sur les produits de première nécessité étranglent l’économie nationale, et assèchent par conséquent les caisses de l’Etat.
La position du Minfi était presque prévisible au regard de la croissance exponentielle de la subvention des prix des carburants à la pompe au Cameroun. A fin 2022, selon les experts, le Trésor public devrait dépenser entre 780 et 800 milliards Fcfa, soit environ 13% du budget de l’Etat [6080,4 milliards Fcfa] pour maintenir inchangés les prix des carburants à la pompe, contre les 480 milliards Fcfa prévus dans la loi de Finances. Pire encore, le Document de programmation économique et budgétaire pour la période 2023- 2025, prévoit seulement une dépense de 300 milliards Fcfa en 2023 pour s’assurer du maintien des prix à la pompe.
Contre vents et marées, en dépit des fluctuations sur le marché mondial, le Cameroun a toujours évité toute hausse du prix des carburants depuis celle de février 2008 qui a conduit à de grandes manifestations. Ainsi, le litre de super coûte 650 Fcfa, celui du gasoil 600 Fcfa, le pétrole lampant 350 Fcfa et la bouteille de 12,5 kg 6 500 Fcfa.
Indiquons que le Fonds monétaire international (Fmi) a toujours demandé au Cameroun de surseoir à la subvention du prix des carburants à la pompe, car explique-t-on de ce côté-là, la croissance sans cesse du coût de celle-ci [subvention] serait difficile à maintenir dans le cadre des projections des prix internationaux. Redoutant une manifestation sociale, l’Etat qui s’est toujours arcbouté contre la décision du Fmi, prépare une reforme de sa politique de soutien des prix des produits pétroliers, si l’on s’en tient aux déclarations du Minfi sur les ondes du poste national.
Selon l'expert financier, Bernard Ouandji, les prix du pétrole ont déjà atteint leur pic en mars 2022 et sont appelés à se stabiliser aux niveaux actuels voire décliner en décembre. Donc, augmenter le prix des carburants à la pompe serait à contre courant de l'évolution du marché.