Le projet de création d’un bureau de crédit régional sur lequel la BEAC travaille actuellement pourrait y contribuer et faciliter un meilleur accès aux services bancaires.
Le coût élevé du crédit dans les banques et les établissements de microfinance (EMF) reste pour la plupart des usagers, le principal frein à l’ouverture d’un compte dans ces institutions financières. Dans la sous-région Cemac, le taux de bancarisation reste très faible (18,51%).
Pour y remédier, la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC) travaille actuellement avec la Société financière internationale (SFI) sur un projet de création d’un bureau de crédit au sein de la Cemac. Cette structure devrait centraliser les informations sur les emprunteurs.
Dans la pratique, les banques ou les EMF, pourront au moment d’accorder un crédit, se renseigner sur le client et surtout s’assurer que ce dernier est solvable. « Plus on a des informations sur les emprunteurs, plus on peut faire baisser cette perception du risque et à terme, nous espérons que ce service permettra de réduire le coût du crédit », explique Boriana Yontcheva représentante résidente du Fonds monétaire international (FMI) au Cameroun.
C’est cette perspective qui pousse le FMI à soutenir l’initiative de la BEAC. Les deux institutions ont échangé récemment sur ce projet dans le cadre des traditionnelles consultations régionales entre le FMI et les institutions régionales de la Cemac du 23 avril au 7 mai 2015 à Libreville (Gabon) et à Yaoundé.
Mario de Zamaroczy qui conduisait l’équipe d’experts du FMI a procédé jeudi dernier à Yaoundé à la restitution des entretiens menés avec la BEAC, la COBAC, la Commission de la Cemac et la BDEAC.
Quid de la croissance en zone Cemac ?
D’après les estimations du FMI, la croissance du PIB a atteint 4,6% en 2014 en s’appuyant sur l’augmentation de la production de pétrole et la poursuite des programmes d'investissements publics dans les différents pays de la sous-région. La chute des cours du pétrole et l’insécurité qui sévit dans cette sous-région, font de 2015, une année de défis pour la Cemac. La croissance devrait être inférieure à celle enregistrée en 2014 et l’ensemble des Etats devraient accuser des dégradations importantes notamment dans leurs soldes budgétaires. L’inflation, elle, devrait rester en dessous de 3% en 2015.
Quelles projections sur le moyen terme ?
Une part importante des discussions a porté sur les problèmes budgétaires. D’après les déclarations de Mario de Zamaroczy, « un certain nombre d’Etats ont déjà annoncé qu’ils vont réduire leur budget, notamment le train de vie de l’Etat, le budget de l’investissement public, ce qui explique des prévisions de croissance moins favorables pour 2015 ». Le FMI prévoit sur le moyen terme, une remontée lente sur le prix du pétrole, mais pas assez suffisante pour retrouver les niveaux d’avant la crise. Il est donc recommandé aux Etats qui ont décidé de mettre en place une discipline budgétaire, de la poursuivre.
Quelles recommandations ?
Les Etats doivent accroître les recettes fiscales, contenir les dépenses courantes et hiérarchiser les investissements publics de manière à réduire les déficits budgétaires. Il faudra également renforcer la mobilisation des recettes fiscales non-pétrolières. Et sur ce point, les experts du FMI estiment, pour le cas du Cameroun, que les exonérations fiscales accordées peuvent être une niche. Le mécanisme de surveillance des risques du système financier (banques et Emf) devra être renforcé. La diversification des économies aussi.