Cyrus Ngo’o : Douala consolide sa position de hub en Afrique centrale

Dans une interview exclusive accordée à Jeune Afrique, Cyrus Ngo’o, directeur général du Port autonome de Douala (PAD), a détaillé les avancées et les défis du principal port camerounais, qui traite 70 % des échanges du pays avec l’étranger. Nommé en 2016, Ngo’o a fait de la transformation du PAD sa mission, en redonnant à l’État le contrôle des activités tout en s’appuyant sur des partenariats public-privé (PPP) pour moderniser les infrastructures.

Cyrus Ngo’o a souligné que le bilan de la reprise en main des activités par l’État est « positif ». Malgré les impacts de la pandémie de Covid-19 et de la guerre russo-ukrainienne, le chiffre d’affaires du PAD a dépassé 100 milliards de F CFA en 2023, avec un résultat net moyen de 15 milliards de F CFA sur les quatre dernières années. « En reprenant le contrôle, on rend les activités rentables, ce qui permet de dégager des ressources et d’investir dans les infrastructures », a-t-il expliqué.

Le dragage, une activité clé internalisée en 2019, illustre cette réussite : les coûts sont passés de 24 milliards de F CFA à 5 milliards, permettant des économies significatives.

Le modèle du PAD, qui combine internalisation et collaboration avec le secteur privé, inspire déjà d’autres ports africains. « Au Bénin, le port de Cotonou a sauté le pas. Au Gabon, au Congo et au Sénégal, les autorités réfléchissent aussi à l’internalisation des opérations portuaires », a indiqué Ngo’o.

Malgré ces avancées, des défis persistent, notamment la congestion et la corruption. Pour y faire face, le PAD mise sur des projets d’extension, comme le terminal vraquier sur la rive droite du Wouri et le port sec de Missolè, ainsi que sur la digitalisation complète des opérations d’ici fin 2025.

Cyrus Ngo’o a également reconnu que la corruption reste un problème, malgré les efforts déployés. « Nous avons réduit de plus de 80 % la criminalité liée au trafic de drogue, aux vols et à l’immigration clandestine », a-t-il affirmé, tout en admettant que le combat est loin d’être terminé.

Avec un trafic annuel de 12,5 millions de tonnes, le PAD vise à doubler ce chiffre dans les dix prochaines années. Pour y parvenir, Ngo’o mise sur la modernisation des infrastructures, la diversification des activités et le renforcement de la position de Douala comme hub régional.

« Notre position géographique est stratégique, tant sur le plan national que régional. C’est cette situation qu’il faut exploiter », a-t-il conclu.