Développement urbain : comment Bertoua, Bafoussam et Garoua ont changé

Des constructions dans ces villes grâce au projet « Capitales Régionales »

Tue, 27 Jun 2023 Source: Le jour n°3946

81 milliards FCFA ont été investis dans les villes de Bertoua, Bafoussam et Garoua depuis 2016. Le résultat de ces investissements, selon la ministre de l’Habitat et du Développement urbain, Célestine Kétcha Courtès, ce sont les infrastructures qui ont changé le visage de ces chefs-lieux de région.

A l’Est, Bertoua s’est doté de 18,36 km de route. Un coup de jeune a été donné au vieux marché. Des rénovations ont aussi été faites au marché Mokolo, au marché Central et au Centre commercial de l’ancienne gare routière. Un air de gaieté a gagné la ville depuis la construction ou la réhabilitation de quelques jardins publics, parcs, restaurants et parcours dédiés au sport pour tous.

Le parc Sembe Lecco par exemple ne désemplit guère en cette période de vacances scolaires. La surprise pourrait être grande pour quiconque n’est pas venu à Bertoua ces cinq dernières années ou pour toute personne cultivant encore le cliché de la région de l’Est exclue du progrès. La ville de Bafoussam a fait sa mue après avoir souffert du dépérissement, avec des infrastructures vieillies et dégradées. Quelque 20 km de route ont été construites ou refaites. La capitale de la région de l’Ouest est lancée sur une dynamique nouvelle.

La ville est désormais traversée par un boulevard principal à double sens avec terre-plein central. La nuit, cet axe majeur est illuminé par les lampadaires. Les activités économiques s’en trouvent facilitées. Elles sont plus intenses au marché A et au marché de Casablanca entièrement reconstruits. La communauté urbaine s’est doté d’une salle polyvalente. La ville s’est embellie avec un parc de loisirs. A l’image de Bafoussam, la ville de Garoua, capitale régionale du Nord, a retrouvé sa coquetterie d’antan, en s’appuyant sur les bases déjà posées.

Environ 19,73 km de routes ont été construites. Les principales plateformes marchandes ont été refaites et modernisées pour mieux canaliser les activités dans la ville. Il s’agit du marché de Yelwa, du marché Beac et du marché à bétails et à poissons. A Garoua, le commerce ne rime pas avec anarchie. Sans compter que des lieux de plaisance existent, à l’image du parc boisé qui s’étend sur 182 000 m².

Bien vivre en ville

A Bertoua, Bafoussam et Garoua, les travaux de développement urbain ont été réalisés en réponse à des préoccupations communes à ces cités : faciliter la mobilité des personnes et des biens, améliorer le cadre de travail des commerçants, aider les communes à mieux collecter les impôts locaux et à développer des services nouveaux en direction des populations.

C’est d’ailleurs pourquoi la construction des grandes infrastructures a intégré l’aménagement des toilettes publiques, de l’éclairage public, des terrains multisports, des plateformes de bacs à ordures ou encore des kiosques à eau potable dans les quartiers pauvres. Pour comprendre ce qui est arrivé à Bertoua, Bafoussam et Garoua, il faut se souvenir que le 1er mai 2006, le Cameroun avait atteint le point d’achèvement de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (Ippte).

Une initiative portée au niveau international par les pays du G8, l’Organisation de coopération et de développement économiques (Ocde), le groupe de créanciers appelé Club de Paris, le Fonds monétaire international et le Banque mondiale. En achevant l’Ippte, le Cameroun avait bénéficié d’une annulation ou d’une reconversion de sa dette auprès de plusieurs pays et institutions internationales. La même année 2006, un Contrat de Désendettement-Développement (C2D) a été signé avec la France.

L’idée est d’annuler la dette pour la réorienter vers des investissements de développement. Le Contrat est implémenté sous la tutelle du gouvernement camerounais et de l’Agence française de développement (Afd). Plusieurs secteurs ont ainsi bénéficié du C2D : l’agriculture, la santé, l’éducation, la justice, la sécurité ou encore l’aménagement urbain.

Après la construction de plusieurs infrastructures dans les deux principales du pays, à savoir Yaoundé et Douala, le C2D a été orienté vers les chefs-lieux de région. Ainsi est né le programme C2D « Capitales Régionales ». La phase 1 a permis d’investir 81 milliards F.Cfa dans les villes de Bertoua, Bafoussam et Garoua.

Nouveaux défis

La phase 2 va couvrir les villes de Bamenda, chef-lieu de la région du Nord-Ouest, et Maroua, la capitale régionale de l’Extrême Nord. La convention entre le Cameroun et la France a été signé depuis février 2022 pour un montant de 59,04 milliards FCFA. A ce jour donc, seules cinq villes sont bénéficiaires du projet C2D « Capitales Régionales ».

Les investissements effectués et ceux à venir restent insuffisants, croit savoir la ministre de l’Habitat et du Développement urbain, Célestine Kétcha Courtès. Elle rassure sur la volonté du gouvernement d’étendre le projet à Ngaoundéré, la capitale régionale de l’Adamaoua, où, reconnaît la ministre, « l’état des infrastructures est particulièrement préoccupant. »

Quant à Maroua, l’état de la ville est tel qu’il faut quelque 19 milliards FCFA pour régler un seul problème : les inondations. Bertoua, Bafoussam et Garoua ont encore besoin de pas moins de 65 milliards pour des infrastructures supplémentaires. Pour la ministre Kétcha Courtès, les enjeux de développement urbain sont tels qu’il faut consolider le projet C2D « Capitales Régionales » et rechercher des financements auprès de plusieurs partenaires. Des discussions sont déjà ouvertes, assure-t-elle.

Source: Le jour n°3946