Des pistes pour assainir Eneo

Eneo Cameroon Photo d'archive utilisée juste à titre d`illustration

Mon, 4 Jan 2016 Source: La Nouvelle Expression

Spécialiste en électricité, électronique, risques industriels, télécommunications et informatique et expert technique et judiciaire,  Pierre Simo réagit au message à la nation du Président de la République, au sujet de l’énergie  et de l’industrialisation au Cameroun.

Comment réagissez-vous au message du chef de l’Etat de fin d’année sur l’industrialisation en matière énergétique ?
Nous avons suivi avec beaucoup d’attention le discours de fin d’année 2015 adressé au peuple camerounais par le  président  de la République Paul Biya. L’aspect du discours auquel nous avons été le plus sensibilisé est celui de l’énergie. Paul Biya  dit avoir  instruit le gouvernement d’accélérer la mise en place des conditions préalables à l’industrialisation de notre pays. Une de ces conditions indispensables qu’il cite est la disponibilité d’une énergie suffisante et permanente. Ce discours au prime abord fait naitre en bon nombre de Camerounais beaucoup d’espoir. Lorsque l’on parle de l’énergie, de nos jours, on parle Eneo. L’avènement d’Eneo  avait suscité également beaucoup d’espoir à un grand nombre de Camerounais. Nous nous sommes précipités comme bien d’autres à travers une correspondance dans laquelle nous nous engagions à  les soutenir pour les options prises pour le bonheur des Camerounais.

Quel constat faites-vous ?

L’éthique n’y est plus. Les clients sont rançonnés. La décentralisation est un échec. Il n’y a plus d’autorité nulle part.  Malgré  l’apport de la mise à l’eau du barrage de Lom Pangar, on constate des coupures d’électricité de jour comme de nuit ;  prouvant que l’alimentation des usines frauduleuses –phénomène endogène et interne  à Eneo– s’accélère au fur et à mesure que l’augmentation de la puissance se fait.

A quelles conditions peut-on avoir une industrialisation viable ?
On ne peut envisager que deux possibilités pour une industrialisation viable, acceptable.  La première  est d’assainir le fonctionnement actuel d’Eneo.  Ce qui est difficile parce que prise en otage par la maffia financière. L’autre possibilité est de créer  une nouvelle structure de gestion qui s’occupera des unités nouvelles, car sans l’assainissement d’Eneo on ne voit pas comment on pourrait envisager une industrialisation dans le chaos. Avant d’envisager l’industrialisation, le préalable est qu’il faut battre monnaie, créer et booster des Pme et  revaloriser les salaires.  Il faut absolument rompre avec le franc Cfa et  libérer Eneo de la Maffia qui la maintient prisonnière et incapable de décider pour le bien du peule camerounais et  pour le bien de l’Afrique. Car le potentiel  énergétique du Cameroun peut aider  l’Afrique.

Qu’est-ce qui fait le plus problème avec  les cadres  d’Eneo ?
La plupart des cadres ont perdu leur dignité et leur  autorité vis-vis de leurs subalternes qui en font à leur tête. C’est ainsi que les directeurs régionaux reçoivent des ordres d’un agent  et ne peuvent pas prendre des initiatives bien qu’ayant reçu des instructions  formelles de.la direction générale. Ils se contentent d’arracher  des prébendes et des surfacturations imposées au Camerounais.  Eneo recrute à grand coût des cadres  extérieurs qui s’enferment dans leur bunker  et refusent de communiquer.  Ils ne se préoccupent pas de la souffrance des  populations qui sont rançonnées.  Il y a pourtant  des Camerounais compétents qui peuvent à peu de frais contribuer à trouver des solutions durables aux problèmes qui se posent, mais malheureusement, ils ne sont pas dans une attitude d’écoute. Solution moins difficile  que de revenir sur les principes de l’éthique, de la compétence et du patriotisme.  De hauts  cadres qui croyaient en Eneo sont résignés  et déçus. Ils n’attendent plus que la retraite pour s’en aller.  Ils auraient pu contribuer  à l’émergence de cadres de talents.

A qui incombe la responsabilité  des incidents ?
La plupart  du temps, les cadres d’Eneo accusent  les sous-traitants qui sont pourtant placés sous leurs ordres.  Les incidents provoqués par les sous-traitants  devraient donc  être couverts par une police d’assurance.  Les sous-traitants  sont couverts par ces mêmes cadres qui les accusent. Pour faire obstruction à la vérité. Fasciné par les options de décentralisation, de satisfaction des clients  et d'attente de résultat,  nous avions décidé de prendre contact avec le Directeur général cette  entreprise qui ne nous a pas reçu. Nous avons toujours attiré l'attention de ses prédécesseurs et des cadres de cette entreprise qu'un jour viendrait où chacun devra justifier ses choix et donner les résultats escomptés. Nous aurions essayé d’apporter notre modeste contribution pour que cette grande entreprise qui, bien gérée, produirait d’importantes richesses pour le développement spectaculaire de notre pays, un cadre d’épanouissement pour son personnel compétent, les opportunités de création d’emploi pour les jeunes et la satisfaction du peuple.  Certes,  des instructions furent  données à un moment donné à tous les Directeurs centraux et régionaux qui,  pour un grand nombre, voulaient collaborer avec nous dans les sinistres et la lutte contre les fraudes ! Mais ils sont paralysés,  en contradiction avec les instructions reçues de la direction générale.

Source: La Nouvelle Expression