Un procès expéditif a récemment mis en lumière une affaire de faux billets en République centrafricaine, condamnant trois faussaires à deux ans de prison ferme. Cependant, les zones d’ombre qui entourent cette affaire continuent de susciter des interrogations, notamment sur l’étendue d’un réseau potentiellement plus vaste impliquant des personnalités influentes du pays.
La justice centrafricaine, qui a communiqué ouvertement sur le déroulement de l’enquête, contraste avec la discrétion observée dans des affaires similaires en Guinée équatoriale et au Cameroun.
Le Tribunal de grande instance (TGI) de Bangui a rendu son verdict le 4 septembre, déclarant Moro Dasylva Sylvain, Yaya Saïdou Younous et Aboubakar Abdoulaye, respectivement de nationalités centrafricaine, camerounaise et sénégalaise, coupables de « blanchiment simple d’argent » et « impression de billets de banque ayant cours légal en République centrafricaine ». Ils ont été condamnés à deux ans de prison ferme et à une amende de cinq millions de francs CFA chacun. Le tribunal a également ordonné à la Banque des États de l'Afrique centrale (BEAC) de détruire les faux billets en question, en présence des membres du parquet de la République.
Ce verdict marque la fin d’un procès qui, bien que très médiatisé, a finalement été perçu comme ordinaire par rapport à l'ampleur du scandale initial. En effet, dès l’arrestation des trois individus en août, le commissaire central de police, Éric Dangala, avait affirmé que ce trafic était orchestré par « une entreprise d’hommes bien organisés, en complicité avec certaines autorités centrafricaines ».
Pourtant, le parquet général de Bangui a choisi de concentrer le procès sur les trois faussaires, sans approfondir les liens présumés avec des responsables haut placés. Cette décision soulève des questions sur la capacité de la justice centrafricaine à démanteler un réseau qui pourrait s'étendre à d’autres pays de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC), dont le Cameroun, où les faux billets auraient été imprimés.
Contrairement à la République centrafricaine, la Guinée équatoriale et le Cameroun restent silencieux sur une affaire similaire. En juin dernier, plusieurs hauts responsables des services de sécurité de ces deux pays ont été interpellés, soupçonnés de participer à un réseau de fabrication de fausse monnaie dans la zone des trois frontières entre le Cameroun, le Gabon et la Guinée équatoriale.
L’affaire a été dévoilée sur le réseau social X (anciennement Twitter) par le vice-président de la Guinée équatoriale, Teodorin Obiang Mangue, qui a révélé que des individus, dont un haut gradé de l'armée équato-guinéenne, avaient été arrêtés au Cameroun en possession de 1,5 milliard de francs CFA en faux billets. L’enquête semble depuis au point mort, avec peu d’informations communiquées au public.