Distribution du courant: Eneo bombe le torse malgré les nombreuses coupures

Une agence d'Enéo

Fri, 22 Dec 2023 Source: Le jour n°4067

Habituée du banc des accusés de la crise énergétique du Cameroun, l’entreprise a pourtant fourni des efforts notables qui ont substantiellement amélioré l’alimentation des ménages et des industries du pays. Petits clichés pour faire vivre l’espoir.

Que peut Eneo ? Que peut Eneo, entreprise si souvent décriée, coupable désigné des interruptions d’énergie dans le pays… ? Oui, que peut Eneo pour solder un déficit qui perdure, alimenter convenablement les ménages et le tissu industriel et sortir de l’épaisse pénombre énergétique dans laquelle le pays reste plongé en dépit de la belle prose gouvernementale et de ses quelques initiatives échevelés qui souffrent cruellement de vision synoptique ? La publication de la loi n°2011/022 du 14 décembre 2011 régissant le secteur de l'électricité précise les zones d’intervention du concessionnaire Eneo en charge d’une partie de la production et de toute la distribution de l’énergie électrique au Cameroun. Eneo a donc de la marge pour agir sur le terrain en dépit de tensions de trésorerie générées par la dette colossale due par l’Etat et ses agences au distributeur. Que peut Eneo, ou alors que fait donc Eneo au quotidien pour « nous donner la lumière ». Apres d’importants investissements sur son volet production (la réhabilitation du barrage de Songloulou a couté plus de 11 milliards de Fcfa à l’entreprise), l’entreprise se consacre de manière plus serrée sur son réseau de distribution. Dernier maillon de la chaine de fourniture de l’électricité, le réseau de distribution est l’ensemble des ouvrages qui sont tout près des ménages et des industries. « La stratégie de maintenance et d’extension des réseaux de distribution ces dernières années a été axée sur le passage des supports (ou poteaux) bois à plus de 90% initialement, à un mix bois-métallique- béton », explique une note de l’entreprise.

Fiabilité des grandes lignes de distribution à 89% en 2022

Sur le terrain, ces investissements ont drastiquement changé la face du réseau. Dans les localités de Dibombari et Souza, le reporter du Jour a pu constater une multiplication des poteaux en béton. « L’idée est de faire face à la vétusté des poteaux bois en zone urbaine et de contenir la végétation en zone rurale. Le poteau en béton permet d’aller plus en hauteur et de préserver nos lignes moyenne tension qui sont très sensibles ; les poteaux bois étaient quant à eux difficile d’accès et certains étaient noyés dans des marécages », résume Elvis Longchere, attaché technique chez Eneo.

Des contrôles sont régulièrement effectués pour « élaguer » les zones envahies par la broussaille et prévenir d’éventuelles perturbations. Cette démarche a contribué à réduire de plus 60% le nombre d’incidents dus aux poteaux. De même, le taux de fiabilité des grandes lignes de distribution s’est établi à 89% en 2022, soit 5 points de plus par rapport à l’objectif fixé à Eneo par l’Etat. Une ligne est considérée comme fiable lorsqu’au bout de l’année, elle n’a pas généré plus de 80 heures de coupures par client, dues aux incidents.

36500 km de lignes moyenne et basse tension

Au total, il s’agit bien de 18 500 km de lignes moyenne tension et 18000 Km lignes basse tension matérialisés par des poteaux bois, métalliques ou béton, des transformateurs dans des petites cabines ou en hauteur sur poteaux dans les quartiers, des câbles nus en moyenne tension et isolés en basse tension. Le défi du concessionnaire Eneo est de maintenir et d’étendre ce réseau afin de garantir, au mieux, la continuité et la qualité du service, ainsi qu’accroitre l’accès à l’électricité aux ménages et entreprises. Ives Mbango, responsable maintenance et planification, Douala Ouest, évoque ces dispositions prises pour se prémunir des bambous de chine qui crée des perturbations sur la ligne. « Des GIC sont régulièrement mis à contribution et près de 600km sont ainsi élagués chaque années à travers le pays cette année », précise-t-il.

1400 milliards payés aux prestataires sur 10 ans

Cet écosystème économique que Eneo souhaite développer est bien illustré par ces quelques 750 partenaires qui interviennent surtout dans divers domaines de la distribution et de la commercialisation et qui ont été rétribué à hauteur de 1400 milliards sur les 10 dernières années. Ce 15 décembre à Dibombari un prestataire remplace l’un des derniers poteaux bois sous le contrôle des équipes Eneo menées par Ives Mbango. Rien n’est laissé au hasard. Les règles de sécurité et d’efficience sont de mise. « Il n y a plus aucun poteau bois sur la longue ligne qui va jusqu’à l’hôpital de District de Bonaeri », se félicite le cadre d’Eneo.

Plan d’urgence

Sur les 320 milliards de francs CFA investis par Eneo Cameroon depuis 2014, 40% ont été consacrés au réseau de distribution. Il reste que les besoins croissants à satisfaire appellent une augmentation des ressources financières. Les besoins sont estimés, selon les sources, entre 600 et 1000 milliards de francs CFA pour améliorer de manière consistante le réseau de distribution. Le plan d’urgence présenté par le ministre de l’Eau et de l’Energie récemment et soutenu partiellement par la Banque mondiale vise à développer des infrastructures prioritaires de transport (Sonatrel) et de distribution (Eneo), devant permettre d’évacuer l’électricité vers les zones industriels (en attente de 320 MW) et à la vulgarisation des compteurs prépayé.

Eneo est donc à l’œuvre mais l’entreprise réaffirme que l’épuration de sa dette colossale viendra irriguer tout l’écosystème énergétique au Cameroun dont les 3 maillons (production, transport et distribution) s’imbriquent et se tiennent.

Source: Le jour n°4067