Ebolowa : l’usine des tracteurs ressuscitée

Agriculture Tracteur C'est à la faveur du lancement de la deuxième convention liant le Cameroun au gouvernement indien

Mon, 10 Jul 2023 Source: Mutations n° 5864

Alors que tout espoir de revoir ce projet renaître de ses cendres semblait perdu, l'usine des tracteurs d'Akak Essatolo, dans la banlieue d'Eboowa, est en pleine résurrection. Le projet qui a été considéré dans l'opinion comme un éléphant blanc, après l'enlèvement des 1000 tracteurs assemblés dans le cadre de la première convention, a finalement été dépouillé de toutes les pesanteurs qui entouraient son évolution normale. C'est ainsi qu'un nouveau comité de suivi a été mis sur pied par le Premier ministre (Pm), Joseph Dion Ngute, au détriment du ministère de l'Economie, de la Planification et de l'Aménagement du territoire (Minepat), qui en assurait le pilotage.

Une nouvelle dynamique qui s’est accompagnée d’un acte du chef de l’Etat, lequel a mis un terme à une quarantaine d'années de règne de Ernest Ela Evina à la tête du Centre national d'études et d'expérimentation du machinisme agricole (Ceneema). Il y a nommé Mme Andrée Mebande Bate au poste de directeur général. Tout laisse donc croire que ces réajustements administratif, structurel et institutionnel ont facilité la mise en œuvre de la deuxième de la convention entre les gouvernements indiens et camerounais, enclenchant ainsi la seconde naissance de l'usine. Une deuxième convention matérialisée depuis quelques semaines par l'arrivée au port de Douala-Bonabéri de tous les équipements nécessaires au lancement d'une véritable révolution agricole au Cameroun.

Le transport de ces équipements vers Ebolowa ayant démarré il y a quelques jours, une mission instruite par le Pm et conduite par son conseiller spécial n°2, Blessés Okolé, a séjourné à Ebolowa mardi, 4 juillet dernier. « Après avoir été à Douala la semaine dernière, nous sommes ici à Ebolowa pour rencontrer le gouverneur du Sud afin de lui présenter ce projet qui est en train de se réaliser dans sa région. Il est surtout question de visiter avec lui les sites et les structures devant accueillir les équipements, d'en faire un état des lieux pour voir ce qu'il y a lieu de faire pour les mettre à jour », a informé M. Okolé.

Le site d'assemblage des tracteurs, ainsi que celui réservé à l'entreposage étant restés longtemps abandonnés, il est question de réhabiliter les commodités d'usage, notamment l'eau, l'électricité et les guérites. Pour des raisons de sécurisation du site, la clôture devra également être renforcée. « La période de latence a détérioré plusieurs installations qu'il va falloir remplacer par les plus performantes », a indiqué le gouverneur la région du Sud, Félix Nguélé Nguélé.

Scandale national

On parle de plus de 200 conteneurs stockés au port de Douala-Bonabéri, avec à bord des bulldozers, portechars, pèles-chargeuses, niveleuses, camions citernes, tracteurs, compacteurs, moissonneuses, égraineuses, récolteuses de manioc etc. La réception technique de ces équipements qui vont permettre l'aménagement des espaces mécanisables pour l'utilisation des tracteurs en zone forestière, se fera à Ebolowa. Par la suite, le comité de suivi de la deuxième convention procédera à leur rétrocession au Ceneema.

« Une fois ces équipements rétrocédés au Ceneema, ils seront dispatchés dans les différentes régions de notre pays, notamment les antennes régionales du Ceneema et les pools de mécanisation agricole pour se mettre au service des entrepreneurs agricoles », a rassuré le Dg du Ceneema, Andrée Mebande Bate.

Si tout se passe comme prévu, Ebolowa restera le point d'assemblage et de fabrication du matériel agricole doté d'un centre de formation pour les jeunes. L’opinion se souvient de ce projet, objet d’une convention entre le Cameroun et l’Inde dont la première phase débutée en 2010, d’un coût estimé à 18,825 milliards Fcfa, a été au cœur d’un scandale national.

En 2011, au moment où l’on attendait la livraison des tracteurs, une centaine de tracteurs montés avaient curieusement été abandonnés dans la broussaille. L’on justifiait cette situation par l’arrêt des travaux de construction des hangars qui devaient abriter ces engins. Le temps a passé, même si des sources au Minepat font savoir que depuis lors 1000 tracteurs y ont été assemblés.

Source: Mutations n° 5864