Economie : la dette du Cameroun atteint 11 456 milliards

Le Cameroun est fortement endetté

Thu, 5 May 2022 Source: Eco-Finance Hebdo

Contrairement à la date du 30 septembre 2021 où il avait atteint 10 109 milliards de FCFA en raison des décaissements des appuis budgétaires liés au nouveau Programme économique et financier auprès du Fond monétaire et international (FMI) et de la Banque mondiale, de l’effectivité des nouveaux accords de dette et des émissions de titres publics, l’encours de la dette publique du Cameroun a, au cours du premier trimestre 2022, enregistré une hausse de 0,8% par rapport au dernier trimestre 2021. C’est l’équivalent désormais de 45% du PIB.

Le premier trimestre 2022 s’est clôturé avec un encours de la dette du secteur public camerounais s’élevant à 11 456 milliards de FCFA et représente 45% du PIB (Produit intérieur brut). C’est ce qu’indique la note de conjoncture mensuelle de la Caisse autonome d’amortissement de mars 2022 rendue publique il y a juste quelques jours. Un stock qui est en hausse de 0,8% comparativement au dernier trimestre de l’exercice 2021 et de 7,4% en glissement annuel.

« Le premier trimestre 2022 s’est clôturé avec un encours de la dette du secteur public camerounais s’élevant à 11 456 milliards de FCFA et représente 45,0% du PIB. Ce stock est en augmentation de 0,8% par rapport au trimestre précédent et de 7,4% en glissement annuel », indique la CAA. A l’en croire, l’encours de la dette publique se compose, sur la période sus-indiquée, à 92,5% de dette directe de l’administration centrale ; et à 7,4% de dette des entreprises publiques.

« L’encours de la dette directe de l’administration centrale à fin mars 2022 avoisine 10 593 milliards de FCFA, soit 41,6% du PIB. Ledit encours a augmenté de 1,0% par rapport au trimestre précédent et augmenté de 8,2% en glissement annuel », souligne-t-elle, rappelant qu’il se subdivise comme suit : 72,1% de dette issue des créanciers extérieurs et 27,9% de dette provenant des bailleurs domestiques, y compris les restes à payer de plus de 03 mois. La dette directe des établissements et entreprises publics à fin mars 2022 est, quant à elle, estimée à 860 milliards de FCFA, soit 3,4% du PIB. Un encours qui, apprend-on, a baissé de 0,7% par rapport au trimestre précédent et de 1,4% en glissement annuel. Il est à noter que 53,4% de cet encours est dû aux créanciers extérieurs et 46,6% aux partenaires intérieurs.

Concernant la dette des Collectivités territoriales décentralisée (CTD), l’on apprend que les travaux se poursuivent en collaboration avec le ministère des Finances et le ministère de la Décentralisation et du développement local (Minddevel) pour la collecte. Toutefois, pour l’année 2022, les plafonds des engagements à contracter par les CTD, les entreprises et établissements publics inscrits dans la loi de Finances s’élèvent à 100 milliards de FCFA pour les engagements extérieurs et 150 milliards de FCFA pour les engagements intérieurs.

« Conformément aux engagements pris par le Cameroun auprès des bailleurs de fonds, et aux bonnes pratiques en matière de gestion de la dette publique, il est intégré à partir de ce mois (avril 2022, Ndlr), le suivi des passifs conditionnels explicites de l’Etat, notamment les garanties publiques et les Partenariats Publics Privés », fait savoir la CAA. Qui renseigne par ailleurs qu’à fin mars 2022, les passifs conditionnels de l’Etat sont évalués sur la base des informations collectées, à 3360 milliards de FCFA et représentent 13,1% du PIB. Ils sont constitués de 0,6% de la dette garantie par l’Etat du Cameroun et de 99,4% des investissements sous forme de Partenariats Publics Privés (PPP). Contrairement à la date du 30 septembre 2021 où l’encours de la dette publique n’était que l’équivalent de 42,5% du Produit intérieur brut (PIB), il y a lieu de constater que celui-ci se situe désormais à 45% du PIB. Une augmentation de l’encours de la dette publique dont les raisons ne sont que très brièvement évoquées dans le document de la CAA.

Ceci au moment où le grand public continue de s’inquiéter face à la croissance fulgurante du rythme d’endettement public, même si le gouvernement rassure, de son côté, les Camerounais quant à l’usage judicieux des prêts contractés à la fois auprès des bailleurs locaux et étrangers. Le ministre des Finances, Louis Paul Motaze, assurait pourtant le 25 février dernier à Yaoundé, à l’occasion de la conférence annuelle des responsables des services centraux, déconcentrés et extérieurs du ministère des Finances, que l’Etat s’est donné pour objectif de maintenir sa dette en dessous de 50% du PIB. Et qu’à travers la loi de finances 2022, il est question d’atteindre « un objectif de mobilisation supplémentaire de recettes non pétrolières de l’ordre de 0,8% du PIB ». Même si cela demeure le cas et qu’il continue d’insister sur le fait que la dette du Cameroun reste maîtrisée, en dépit de la légère hausse observée ces derniers temps, il n’en demeure pas moins vrai que certains analystes ne manquent pas de contester cet argument. Pour la simple raison qu’en matière d’endettement ce qui compte le plus reste et demeure ce qu’on en fait de son usage.

« Pour le cas du Cameroun, l’on a remarqué, sur les dix dernières années, que la plupart des grands projets lancés depuis 2011 voire 2012 et 2013 ne sont toujours pas bouclés à date. Pourtant, l’Etat s’est lourdement endetté pour lancer ces différents projets aux fins d’améliorer les conditions de vie des Camerounais », fait remarquer un économiste à Yaoundé. Selon cet expert, même si l’on peut légèrement donner raison au ministre des Finances quant à la maîtrise actuelle de la dette publique conformément aux critères de convergence de la zone CEMAC, qui voudrait qu’une dette soutenable soit celle ne dépassant pas le taux 70% du PIB, il ne faudrait pas perdre de vue le fait que des pays développés comme le Japon ont des dettes se situant au-delà de 200% de leur PIB. Ce qui n’en fait pour autant des économies mal gouvernées.

Source: Eco-Finance Hebdo