Les producteurs achèvent leurs stocks et naturellement, le commerce et la consommation se poursuivent encore aisément.
Beaucoup ont sûrement oublié que le 12 septembre 2014, c’est-à-dire il y a un peu plus d’un an, un arrêté conjoint signé de trois membres du gouvernement a interdit la production, la commercialisation et la consommation des whiskies conditionnés en sachets et en bidons au Cameroun.
A ce moment-là, pour préserver leur business, il a été accordé un sursis de deux ans aux producteurs, question de vider leurs stocks de matières premières et ainsi sauver leur entreprise. Ça fait déjà un an ! En attendant la fin de la seconde année de sursis, la consommation et le commerce de whiskies en sachets se portent plus au moins bien.
« On n’a pas senti un changement dans le marché. On achète toujours les mêmes quantités et on vend pratiquement au même rythme », assure un commerçant au marché Mvog Atangana-Mballa à Yaoundé. Ici, tous les vendeurs ambulants proposent du whisky en sachets, notamment aux chargeurs de véhicules de brousse. Et ça passe… « Même après septembre 2016, on va toujours boire. A chacun, selon ses moyens », lance l’un des chargeurs en question, à moitié ivre.
Ses camarades arguent que ce sont ces petits sachets qui leur procurent du courage et du punch pour pouvoir bosser dur chaque jour. Chez les producteurs, le sujet fâche visiblement encore. D’ailleurs, l’on continue de regretter la décision ministérielle, notamment le sursis de deux ans jugé trop court pour amortir les charges. « On a investi gros dans l’achat des équipements et quelques jours après, le gouvernement suspend le business alors qu’on a à peine commencé à utiliser ces machines.
Ça va être difficile de se reconvertir dans un an », regrette un chef d’entreprise joint au téléphone. Néanmoins, tous disent être des entreprises citoyennes et donc, « le moment venu, si l’administration ne nous accorde pas un autre sursis, on va simplement se conformer, avec le risque de fermer boutique pour certains ». Du côté des associations de consommateurs, l’on veille au grain. Car, « nous n’étions déjà pas d’accord avec le sursis de deux ans. Il y a une norme sur les whiskies qui est rendue d’application immédiate.
On aurait donc dû arrêter simplement la consommation et la production, qui se poursuit malheureusement dans les industries, avec la complicité des contrôleurs », renchérit Delor Magellan Kamgaing Kamseu, président de la Ligue nationale des consommateurs du Cameroun. Il croit savoir que « les producteurs sont en train de se battre pour obtenir une rallonge sur le sursis, afin de continuer à tuer les Camerounais. Car un seul sachet de whisky acheté à 100 F fait 33° d’alcool, soit l’équivalent de tout un casier de bières ».