Energy of Cameroon (Eneo), concessionnaire de la production et la distribution de l'énergie électrique au Cameroun, a réalisé un résultat net de 2,28 milliards de FCfa (environ 3,94 millions $), apprend-on du rapport des activités de cet exercice. En 2013, la société qui était encore sous le contrôle du groupe américain AES Corporation avait réalisé une perte d'environ 405 millions de FCfa.
Deux principaux facteurs sont avancés pour expliquer cette performance. Une augmentation sensible de la demande (+7,5%) et aussi une hausse de la compensation tarifaire du gouvernement camerounais. Cette dernière a atteint 17,5 milliards de FCfa, soit près de 6,4 milliards de FCfa de plus, comparé à 2013.
Ce tableau, qui est positif au final, dissimule cependant certains défis. Déjà, le bénéfice de 2014 reste assez faible comparé à celui de l’exercice 2012, qui était de 13 milliards de FCfa. Redonner une forte rentabilité à l’entreprise tout en finançant son expansion risque d’être un gros challenge, dans un contexte où Eneo, au contraire d’AES, ne contrôle plus toute la chaine de production.
Un autre défi est celui justement lié aux charges d'exploitation. Celles-ci ont progressé de pratiquement 39 milliards de FCfa en 2014, ce qui a plombé le total des produits d’exploitation, pourtant en hausse de 46 milliards de FCfa. A côté de cela, l'entreprise doit encore faire face à des pertes, soit techniques, soit commerciales.
«Les pertes représentent l’un des défis majeurs auxquels Eneo est confronté en termes de performance. Les pertes se situent en 2014 à 30,88 %. A titre de rappel, 1 % de pertes représente 40 GWh, soit 3,9 milliards de FCfa. Sur la base des études et analyses menées précédemment, on estime que les pertes commerciales se situeraient autour de 16 %, et les pertes techniques à 14,9 %», peut-on lire dans le rapport.
Un endettement croissant auprès des banques
La société qui envisage d'investir encore dans la distribution de l'énergie devra aussi apporter plus d'équilibre dans sa trésorerie. Rappelons que si on n’évalue la performance d'Eneo sur la seule base des charges et revenus de production, il ressort que l'excédent brut d'exploitation de 2014 a été de 25 milliards de FCfa, soit 13 milliards de FCfa de moins qu'en 2013.
Cette pression se fait ressentir sur l’excédent de la trésorerie d’exploitation qui s’est rétracté de près de 16 milliards de FCfa entre 2013 et 2014, ce qui pourrait expliquer en partie une progression de l’exposition d’Eneo auprès des banques. En effet, les crédits de trésorerie obtenus auprès d’UBA et de Standard Bank, et les intérêts y associés ont atteint 13 milliards de FCfa contre zéro en 2013.
Lors de l’assemblée générale du 13 mai 2015, les actionnaires d’Eneo ont marqué leur accord pour qu’il n’y ait pas de distribution de dividendes. Le résultat net ira donc, aux côtés d’autres actifs financiers, renforcer les fonds propres de l’entreprise. Ces fonds propres ont connu une augmentation de 3% en 2014.
C’est la première fois que l’entreprise en charge de la production et la distribution de l’énergie électrique au Cameroun publie ses comptes. Une exigence qui se présente davantage comme une obligation de son principal actionnaire (depuis 2014), le fonds d’investissement britannique Actis.
Cette dernière se conforme à une nouvelle disposition légale en Grande Bretagne, qui exige désormais à toutes les organisations relevant de sa compétence juridique et investissant à l’étranger, de publier les rapports financiers de ces opérations.
Sur la base de cette contrainte, les opinions publiques des pays d’Afrique subsaharienne pourront avoir des informations sur les engagements des entreprises britanniques qui opèrent dans leurs pays. Une initiative destinée à améliorer la transparence et la gouvernance des investissements étrangers.