Dans une récente note de synthèse sur le secteur bancaire de plusieurs pays, l'agence de notation Fitch Ratings relève que l'encours des crédits accordés par les banques commerciales au Cameroun a progressé de 7,6% sur la période de 12 mois s'achevant à la fin du mois d'août 2017.
Pour ce pays, cela représente une progression d'un peu plus de 231 milliards de Francs CFA, selon les données sur le crédit bancaire consultés par l’Agence Ecofin.
Au regard des besoins de financement de l'économie camerounaise, une telle avancée sur 12 mois peut paraître faible, mais elle survient dans un contexte difficile. Un segment non négligeable des crédits accordés par ces banques est celui du financement du commerce extérieur, notamment des importations qui approvisionne les marchés locaux en produits de consommation à hauteur de 70%.
Pour cela, les banques commerciales ont besoin d'accéder aux réserves de changes qui sont centralisées au niveau de la BEAC. Or l'accès à ces réserves de changes a été rendu difficile sur la période, en raison des limitations imposées, en vue de maintenir la stabilité extérieure de la monnaie (Francs CFA) qui s'était fortement dégradée en 2016.
Dans ce contexte, les banques commerciales n'ont pas eu d'autre choix que de se financer mutuellement, ainsi les taux des avances en devises sur le marché interbancaire a dépassé de 30% la moyenne officielle servie par la BEAC à la fin septembre.
L'autre défi qu'a connu le secteur bancaire camerounais tout au long de 2017 est celui du refinancement des titres publics, sur lequel la banque centrale a aussi imposé des limitations. Cette situation a conduit à un resserrement de la liqudité.
Fitch note par ailleurs, que les ressources de banques continuent d'être de court terme. Les dépôts de l'administration centrale ne représente que 22%. Un niveau en dessous de la moyenne des pays d'Afrique subsaharienne. Cette situation, du point de vue certains autres experts, ne facilite pas la réalisation d'importants financements à long terme.
Malgré ces défis de la conjoncture, l'agence de notation prévoit certaines améliorations dans le secteur bancaire camerounais. L'encours global des crédits accordés à l'économie devrait progresser entre 8% et 10% en 2018. Cette appréciation positive, qui est d'ailleurs assortie d'une perspective stable, s'appuie sur un ensemble d'arguments.
Le coût du risque se réduit. L’encours des créances douteuses a légèrement diminué passant de 14,1% à la fin de l’année 2016, à seulement 13, % à fin août 2017. C'est aussi un niveau qui se situe en dessous de la moyenne des pays de la CEMAC qui oscille entre 15% à 18%.
L'autre point positif, c'est le fait que la croissance économique, bien qu'en dessous des projections du gouvernement sur sa stratégie décennale s'achevant en 2020 (DSCE), se situera autour des 4,2%. Enfin la mise en place effective d'un crédit bureau et le lancement attendu d'une Caisse des dépôts et de consignation prévue pour les débuts de 2018, devrait améliorer la gestion des risques dans le secteur des banques.
Mais ces projections positives dépendent encore de plusieurs paramètres. Le gouvernement, dans sa lettre d'intention pour obtenir un programme avec le FMI, s'est promis d'assainir le secteur bancaire. Il était notamment question de réaliser un emprunt obligataire pour absorber certains arriérés. Rien n'a été fait dans ce sens et rien n’indique que cela se fera avant la fin d’année.
Aussi la stratégie du gouvernement camerounais pour soutenir certaines banques en difficultés n'est pas lisible. Or l’une des banques qui fait face à des difficultés est d'une importance systémique, selon des analyses du FMI. Le ministre des finances, lors d'une récente sortie sur le sujet, a indiqué que le gouvernement prendrait rapidement les mesures. Aucune information n'a plus été rendue par la suite.