La Guinée et le Cameroun se préparent à une compétition acharnée dans le secteur minier, avec deux projets d'exploitation de fer qui promettent de redessiner la carte mondiale de la production de ce minerai. Alors que le projet guinéen de Simandou avance à grands pas sous l'impulsion du général Mamadi Doumbouya, le chantier camerouno-congolais de Mbalam-Nabeba peine à décoller, malgré des ambitions similaires.
Situé en Guinée forestière, le gisement de Simandou est sur le point de devenir l'un des plus grands producteurs mondiaux de fer. Avec un investissement colossal de 20 milliards de dollars, le projet prévoit une production annuelle de 120 millions de tonnes et dispose de réserves estimées à 2,4 milliards de tonnes. Le minerai sera transporté par un chemin de fer de 650 km jusqu'au port de Morébaya, où une aciérie est en construction pour transformer le fer localement.
Le projet, soutenu par le consortium chinois Winning Consortium Simandou et China Baowu Steel Group, bénéficie d'un alignement favorable depuis l'arrivée au pouvoir du général Doumbouya en 2021. Les travaux avancent rapidement, et les premières tonnes de fer devraient être exportées d'ici la fin de l'année.
De l'autre côté du continent, le projet Mbalam-Nabeba, partagé entre le Cameroun et le Congo, vise également à devenir un acteur majeur de la production de fer. Avec une production prévue de 15 millions de tonnes et un investissement de 10 milliards de dollars, le projet pourrait faire du Cameroun le cinquième producteur mondial de fer. Cependant, des défis considérables entravent sa réalisation.
Le projet nécessite la construction de 540 km de voie ferrée pour relier la mine de Mbalam au port de Kribi, ainsi qu'une extension de 150 km pour connecter les gisements congolais de Nabeba. Mais l'entreprise hongkongaise Bestway Finance Ltd, chargée du projet, peine à mobiliser les financements nécessaires et à construire l'infrastructure ferroviaire. En février, le Cameroun a suspendu la convention avec Bestway, ouvrant la voie à la recherche d'un nouvel opérateur.
Le projet Mbalam-Nabeba est également confronté à des défis judiciaires. La junior australienne Sundance, évincée en 2021, réclame 5,5 milliards de dollars au Cameroun devant la Chambre de commerce internationale de Paris. Cette bataille juridique pourrait dissuader les investisseurs potentiels et retarder davantage le projet.
Alors que la Guinée semble bien partie pour devenir un leader mondial de la production de fer grâce à Simandou, le Cameroun et le Congo doivent surmonter de nombreux obstacles pour concrétiser leur projet Mbalam-Nabeba. La capacité des deux pays à naviguer dans ces défis déterminera leur place sur la scène minière mondiale. La Guinée, avec son avance actuelle, pourrait bien prendre une longueur d'avance dans cette course au fer.