Le président nigérian Bola Tinubu a annoncé le 29 mai 2023, l'arrêt de la subvention du carburant dans son pays. Cette décision a eu un impact sur le prix du carburant dans la région de l’Extrême-Nord où les populations dans leur majorité se ravitaillent en carburant frelaté (zoua-zoua) en provenance de ce pays voisin.
Dans la ville de Maroua, par exemple, le prix du litre de zoua-zoua est passé de 350Fcfa à 700Fcfa. La hausse a impacté considérablement le quotidien des populations. Moustapha, moto taximan ressent les conséquences de l’inflation sur son activité : «Cette situation est devenue pénible depuis l’arrêt de la subvention du carburant par le Nigeria. Je paye le carburant de 3 000 francs par jour pour gagner 2 000 francs en fin de journée. Je travaille de 5h à 23h. Mais je ne gagne pas grand-chose. C’est compliqué», se plaint-t-il.
L’augmentation du prix du carburant n’a pas seulement des conséquences sur les conducteurs de moto. Elle a aussi des effets néfastes sur les automobilistes. C’est le cas de Moïse Vroumssia. Depuis quelques jours, ce père de famille a garé son véhicule à cause de la cherté du carburant : «il y a quelques mois que je ne circule plus avec mon véhicule, à cause de l’augmentation des prix du carburant. Je travaille à Salak et je dois carburer chaque matin avant d’aller au travail, avec la charge de la famille et autre ce n’est vraiment pas facile pour moi en tant que père de famille», a -til expliqué.
Les vendeurs de carburant ne sont pas non plus épargnés par cette situation. Mouhamadou Aminou raconte son désarroi : «L’histoire de l’augmentation du prix de carburant n’est pas facile. Avant on vendait le litre à 350 francs, 400 francs. Maintenant ce n’est plus le cas, c’est vraiment cher. Au Nigeria également c’est aussi compliqué. Le nouveau président a changé le prix. Et le carburant se fait rare. Pour qu'il arrive ici à Maroua, il y a beaucoup de contrôles.
On paye les douanes, les policiers. Ce n’est donc pas facile pour nous», raconte-t-il. Cette situation pourrait davantage impacter le tissu socio-économique. Conscient des enjeux, le gouverneur de la région de l’Extrême-Nord, Midjiyawa Bakari a tenu le 22 juin 2023, une réunion y relative avec les opérateurs économiques.
La rencontre avait pour but de trouver des voies et moyens afin d’amortir le choc. A l'issue des échanges, plusieurs recommandations ont été faites. Il s’agit entre autre de la création d’un dépôt pétrolier à Maroua, la multiplication des stations-services et l’encadrement des jeunes spécialisés dans la vente du carburant.