FMI: le grand désamour entre Célestin Tawamba et Paul Biya

Célestin Tawamba OK Le FMI a validé un accord triénnal de 400 milliards de Fcfa avec le Cameroun

Wed, 6 Sep 2017 Source: lebledparle.com

Le patronat camerounais l'a fait savoir dans un communiqué publié ce 5 septembre 2017 et signé de son tout nouveau président Célestin TAWAMBA.

En juin 2017, le Conseil d’administration du FMI a approuvé un accord triennal au titre de la Facilité élargie de crédit (FEC) en faveur du Cameroun d’un montant d’environ 666,2 millions de dollars (près de 400 milliards de FCFA) pour accompagner le programme de réformes économiques et financières du pays. La FEC a pour vocation d’aider le Cameroun à rétablir la viabilité extérieure et budgétaire et à jeter les bases d’une croissance durable tirée par le secteur privé.

Plus de deux mois après, le Groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam) dit avoir pris acte de l’annonce du gouvernement en date du 27 juin 2017, de la conclusion d’un nouveau programme de réformes économiques et financières avec le Fonds monétaire international (FMI) et pense que ce programme suscite des interrogations et des inquiétudes. « Onze ans après l’atteinte du point d’achèvement de l’initiative Ppte [pays pauvre très endetté], il [le programme économique] suscite, par ailleurs, des interrogations et inquiétudes tant il révèle une insuffisance des capacités autonomes d’anticipation et d’ajustement permanent de la part de notre pays », note le Groupement patronal.

L’organisation patronale regrette de n’avoir pas été associée à l’élaboration des mesures d'ajustement économique et financier et faire des propositions au point fiscal, douanier et sur d'autres plans que nous vous proposons dans le communiqué ci-après.

L’intégralité du communiqué du GICAM:

Le Groupement inter-patronal du Cameroun a pris acte de l’annonce du Gouvernement en date du 27 juin 2017, de la conclusion d’un nouveau programme de réformes économiques et financières avec le FMI et, ce faisant, pris connaissance de la lettre d’intention signée du Premier Ministre, Chef du Gouvernement, à cet effet.

Ce programme s’inscrit dans un effort collectif des pays de la CEMAC visant à faire face à la crise économique qui secoue la sous-région. Il a pour ambition de rétablir la viabilité budgétaire et extérieure du pays et promouvoir une croissance génératrice d’emplois tirée par le secteur privé.

Pour le GICAM, ce programme traduit une orientation nouvelle dans la conduite de la politique économique du Cameroun et, sous-jacent à lui, des contraintes et des risques importants pour les entreprises. Onze ans après l’atteinte du point d’achèvement de l’initiative PPTE, il suscite, par ailleurs, des interrogations et inquiétudes tant il révèle une insuffisance des capacités autonomes d’anticipation et d’ajustement permanent de la part de notre pays.

Fort de la volonté réaffirmée du Gouvernement (i) « d’accélérer la mise en œuvre des mesures permettant de soutenir le développement du secteur privé », notamment « l’amélioration du climat des affaires », jugée « primordiale (…) en vue d’une croissance durable, soutenable et créatrice d’emplois » et de (ii) « permettre au secteur privé de prendre le relais de l’investissement public comme moteur de la croissance », le GICAM a, le 25 août dernier, adressé au Premier Ministre, Chef du Gouvernement, une correspondance dans laquelle (i) il prend acte de l’existence de ce programme, (ii) formule des remarques et des propositions pour sa mise en œuvre efficace dans l’intérêt bien compris des entreprises, moteur de la croissance, et (iii) réitère sa totale disponibilité à œuvrer au succès dudit programme et du dialogue Etat – Secteur privé en général.

C’est ainsi que :

1° Le GICAM s’émeut de l’implication insuffisante du secteur privé dans la formulation des nombreux engagements qui impacteront la vie et l’avenir de très nombreuses entreprises au Cameroun à court et à moyen terme.

2° Le GICAM s’inquiète de ce que notre pays, bien que leader économique de la sous-région, n’ait à supporter, au-delà du raisonnable, le poids de cet ajustement dont bien des caractéristiques découlent du manque de rigueur et de discipline dans la gouvernance économique de certains de nos partenaires régionaux.

3° Les propositions formulées par le GICAM sont d’ordre fiscal et douanier et, tout autant, portent sur la commande publique et les grands projets d’infrastructures :

3.1 Au plan fiscal, le GICAM préconise, entre autres, la suppression de la retenue à la source, la définition, sur une base concertée, de la liste des produits qui seront exclus de l’exonération de TVA afin d’assurer la parfaite neutralité de cette taxe pour les entreprises concernées, l’institution d’un mécanisme paritaire de suivi participatif des régimes dérogatoires et la mise en place rapide et effective des zones économiques prévues par la législation sur les investissements.

3.2 Au plan douanier, le GICAM plaide, entre autres, pour une rationalisation et une simplification des dispositifs de vérification, de contrôle et/ou d’inspection des marchandises, dans une approche globale qui transcende et intègre des programmes spécifiques tels le « 100% scanning » et le PECAE.

3.3 S’agissant de la commande publique et des grands projets d’infrastructures, le GICAM préconise la réforme rapide du Code des marchés publics à l’effet de renforcer l’encadrement, le suivi et l’évaluation participative des procédures de traitement et de règlement des marchés.

4° Le GICAM suggère, par ailleurs, d’accorder une attention toute particulière aux questions suivantes pour les deux prochaines années du programme qui ont trait au renforcement des bases de notre économie et à sa moindre vulnérabilité aux chocs exogènes:

la promotion de l’accès au foncier pour les entreprises porteuses de projets d’investissement et de développement, faute de zones économiques dédiées ;

la promotion des industries locales et leur protection vis-à-vis de la distorsion de la concurrence, du fait de l’accès insuffisamment régulé au marché national des produits étrangers ;

l’extension et l’amélioration des programmes de mise à niveau des entreprises ;

la facilitation de l’accès aux financements des entreprises, notamment des PME et des start-ups ;

le renforcement du dialogue public/privé et l’implication effective du GICAM dans le suivi du programme.

Le GICAM demeure profondément convaincu que seul un dialogue renouvelé, franc et accru entre le secteur privé et les pouvoirs publics garantira les meilleures chances d’une mise en œuvre efficiente et efficace de ce programme économique et financier auquel il adhère, nonobstant les réserves et propositions sus formulées.

Le GICAM est disposé à apporter toute la contribution nécessaire. Nous sommes convaincus que c’est du déploiement concerté des capacités de l’Etat et du Secteur privé à éliminer les contraintes et handicaps qui pèsent sur l’économie camerounaise que va dépendre la mise en œuvre rapide d’un plan de relance économique par l’investissement et la consommation, appelé de tous les vœux par le secteur privé et les populations camerounaises.

Célestin TAWAMBA

Président

Source: lebledparle.com