Le taux de pauvreté est en « nette augmentation » à l’Extrême-Nord, région camerounaise en proie aux exactions de Boko Haram.
La baisse des « opportunités économiques », liée notamment au climat d’«insécurité » qui règne dans cette région frontalière avec le Nigéria y est pour beaucoup, explique le plus récent rapport de l’Institut national de la Statistique du Cameroun (INS).
L’étude qui porte sur 2014-2015 révèle que l’Extrême-Nord du Cameroun a la plus haute proportion de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté, soit « 74,3 » pour cent. Cette région est suivie par celle du Nord, elle aussi frontalière avec le Nigeria, avec un taux de « 67,9 » pour cent.
La population de l'Extrême-Nord est d'environ 3,4 millions d’habitants, soit 17,9% de la population totale du Cameroun.
Le seuil de pauvreté est entendu ici comme « le niveau de revenu au-dessous duquel il est impossible de s’offrir le panier minimum de consommation ». C'est-à-dire un revenu qui ne permet pas à l’individu d’avoir une alimentation journalière adaptée du point de vue nutritionnel et de pouvoir satisfaire ses besoins de base non alimentaires.
Au Cameroun, ce seuil de pauvreté est établi pour l’année 2014 à 339 715 FCfa (569 usd) par adulte et par an. Ce qui revient à 28 310 FCfa (47,3 usd) par mois ou 931 FCfa (1,55 usd) par jour.
Paradoxalement, ce taux de pauvreté a baissé partout ailleurs au Cameroun au cours de l’année 2014. Le pays a d’ailleurs connu « un recul de l’incidence de la pauvreté de 2,4 points entre 2007 et 2014 ». Les capitales politique et économique du Cameroun sont celles dans lesquelles on trouve le moins de pauvres. La proportion de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté est de 5,4 à Yaoundé et 4,2 à Douala la capitale économique.
La région de l’Extrême-Nord du Cameroun connait depuis quelques années, des attaques répétées des membres de Boko Haram. A cause de ces attaques, les champs et les villages frontaliers avec le Nigeria ont été désertés et les activités économiques sont quasiment arrêtées. La région a par exemple connu un déficit céréalier de 132 000 tonnes sur 770 300 tonnes escomptés, ce qui a occasionné une inflation des prix sur les marchés. Plus d’une centaine d’écoles ont également été fermées à cause des risques élevés d’enlèvements. Ces élèves se sont déplacés vers des écoles plus sécurisées mais qui n’ont malheureusement pas de grandes capacités d’accueil.
Le gouvernement a donc lancé en 2015 un plan d’urgence pour la construction en 40 jours de diverses infrastructures dans cette région. Il s’agit par exemple de salles de classe, de cantines scolaires, de branchements électriques ou encore de forages d’eau potable, en vue de relancer le secteur agricole.
L’espoir de temps meilleurs pour cette région demeure, du reste, permis, surtout avec la mobilisation des Etats du Sahel mettant en place, en février dernier, une Force multinationale mixte pour lutter contre le groupe armé nigérian.
Quoique le lancement effectif de cette Force de 8700 hommes, incluant le Nigéria, fief de Boko Haram, le Tchad, le Cameroun, le Niger et le Bénin, les dirigeants de ces pays ne cessent d’accorder les violons pour passer à l’acte. En l’attente d’un appui logistique étranger, qui ne va pas trop tarder vraisemblablement, certaines offensives militaires ont déjà porté un coup dur aux éléments d’Abubaker Shekau.