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Fer de Kribi : les Chinois passent à la vitesse supérieure

Paul Biya aurait donné son autorisation

Fri, 9 Sep 2022 Source: La Nouvelle expression du 09-9-2022

Alors que les populations attendent les réponses du gouvernement sur les réserves soulevées au sujet de l’exploitation du fer de Kribi, avant toute décision, elles sont plutôt surprises de voir les villages et forêts portant mention du décret présidentiel d’exploitation.

«SIN0 STEEL CAM S.A BP 252 Yaoundé. PERMIS D’EXPLOITATION : DECRET N“2022/273 du 1er Juillet 2022 portant institution d’un permis d’exploitation valable pour le fer au profit de la société SINO STEEL CAM s.a». Voilà ce qu’on peut lire sur deux plaques implantées, l’une non loin de la cheferîe du village Lolabé, et l’autre dans la forêt des «monts mamelles», à une quinzaine de kilomètres de la nationale n°7, reliant Kribi à Campo.

Ce décret attribué au président de la République, devrait donner à l’entreprise chinoise le pouvoir d’engager dans les prochains jours, les travaux d’exploitation du fer de Kribi, indépendamment de la volonté des riverains. Certes, le caractère secret de ce décret provoque une série de curiosités chez plusieurs observateurs.

«Pourquoi ce décret, même s’il est inscrit dans le journal officiel n’a pas été publié à la presse comme cela est de coutume? Quelle est la place réservée à la population riveraine dans ce projet, si tant est qu’elle avait soulevé des réserves devant dans le cahier des charges; et qu’en est-il même de ce cahier des charges?».

Autant de questions que suscite ce décret qui est brandit comme un trophée de guerre, et claironné dans les villages pour «narguer» les populations qui se croyaient avoir un quelconque droit de regard.

Lors de la dernière descente de la délégation chinoise à Kribi et à Campo, les populations se sont indignées d’avoir , été ignorées tout au long du processus de la mise en place de cette convention.

La première résistance avait été lancée par un ancien député suppléant, Albert MBOTO. «Où est l’étude d’impact socio environnementale; comment voulez-vous lancer un projet sans un aperçu réel des impacts qu’il peut générer, surtout qu’il est situé entre deux parcs forestier et marin; savez-vous que si les impacts sont plus graves, le projet peut être délocalisé ou tout simplement annulé ? », avait-il interrogé à brûle pour point.

À Campo, malgré «l’encadrement» des autorités et la forte présence des éléments du bataillon d’intervention rapide, les populations ne voulaient rien entendre si la dénomination qui parie du gisement de fer de Lobé – Kribi ne changeait pas, alors que le site se trouve entièrement dans l’arrondissement de Campo.

« Nous ne sommes pas contre le projet, mas la dénomination doit changer avant tout débat de fond », avait indiqué Majesté ANDJOKOU, chef du village Ebodjé qui entrevoyait la mise sur pied d’un cahier des charges qui devrait prendre en compte la protection des us et coutumes, ainsi que des intérêts socioéconomiques des villageois.

Un tel cahier des charges, selon les experts, ne peut être signé que lorsque la population se trouve en position de force. Or, avec ce décret, l’entreprise chinoise se trouve en position de force une situation qui risque d’installer un climat d’hostilité dans ce projet.

La convention avait été signée le 06 Mai dernier 2022 à Yaoundé; il porte sur un projet minier et d’infrastructures intégrées qui visent l’exploitation industrielle du minerai de fer à Campo, à une soixantaine de kilomètres de Kribi, dans la Région du Sud Cameroun.

Les réserves sont estimées 632,8 millions de tonnes de minerais de fer. La société chinoise prévoit extraire 10 000 000 de tonnes par an de minerai à 33%, puis les enrichir pour produire 4 millions de tonnes de concentrés de haute teneur en fer de 60%.

Source: La Nouvelle expression du 09-9-2022