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Fer de Lobe : voici le nouveau contrat de dupes qui fait des vagues

Les populations locales sont en colère

Mon, 16 May 2022 Source: Le Messager du 16-5-2022

Le projet de convention minière entre l’Etat du Cameroun et la société chinoise Sinosteel Cam CA relative à l’exploitation du fer de Lobe à Kribi fait couler beaucoup d’encre et de salive. Entre la levée de boucliers de certains députés et autres leaders d’opinion, un appel national est lancé pour empêcher ce qu’on taxe de « braderie du siècle ».

21 avril 2021. Le ministre des Finances, dans une correspondance au ministre des Mines, de l’industrie et du développement technologique, se prononce sur le « projet d’arrêté Minmidt/Minfi relatif au mon- tant des investissements de Sinosteel Cam Sa » dans le cadre de la finalisation du projet de convention minière entre la société chinoise et la République du Cameroun relative à l’exploitation du minerai de fer de Lobé à Kribi.

Réagissant après réception du projet de convention, l’avant-projet d’arrêté constatant le montant des investissements, le rapports d’audit et les états financiers, ainsi que la fiche technique du projet d’exploitation de fer, Louis Paul Motaze qui dit avoir minutieusement exploité l’ensemble de ces documents et au regard des textes applicables en la matière, signifie sa réserve quant à la validation du montant de 6,7 milliards Fcfa. Le plus curieux c’est que ledit projet aurait été audité par un cabinet directement mandaté par l’entre- prise chinoise.

En effet, écrit le Minfi, « l’article 189 (3) du Code minier exige que le montant des investissements inhérents à la recherche soit audité par un organisme agréé par l’Etat. Aussi je suggère, d’envisager une reprise de cet audit en respect en cette exigence, en associant les experts de nos deux ministères respectifs en vue d’optimiser la protection des intérêts de l’Etat. Par ailleurs, je propose en annexe, et sur la base de motivations juridiques et techniques précises, une réécriture des clauses relatives à la comptabilité et à la stabilité du régime fiscal de cette entreprise, et suggère une suppression du principe d’indexation des couts d’investissements en cas de règlement conventionnel de l’imprévision ».

En bon patriote et en fin technocrate, Motaze y voit déjà une espèce de contrat de dupes qui se dessine à travers ce juteux projet. Lequel risque de siphonner le sous-sol du Cameroun avec comme contrepartie, quelques miettes pour contenter l’Etat.

Investissements en phase de recherches

Le 28 juillet 2021, c’est le ministre des Mines qui, à son tour, saisit le ministre, Secrétaire général des services du Premier ministre pour lui faire parvenir en versions anglaise et française, le projet de Convention minière entre l’Etat du Cameroun et la société Sinosteel Cam Sa, relative à l’exploitation industrielle du gisement de fer de Lobe, dans l’arrondissement de Kribi 1er, département de l’Océan, région du Sud et le procès-verbal des négociations.

« Ledit projet de convention est issu des concertations interministérielles ayant réuni autour du Sinosteel Cam SA, du 25 au 26 février 2021 à Mbankomo, treize (13) Administrations sectorielles, dont : Minmidt, la Dgi-Minfi, le Mindaf, le Minepded, le Minfof, le Minefop, le Minpmeesa, le Mint, le Mintss, le Mintp, le Mincommerce et le Minader », souligne Gabriel Dodo Ndoke.

Et de préciser, « le processus d’audit de contre-expertise du montant total des investissements en phase de recherche de cette entreprise étant encore en cours au Minfi et au Minmidt, je suggère au Premier ministre, Chef de gouvernement, que ce montant qui doit faire l’objet d’une mention dans la Convention, conformément aux dispositions de l’article 189 al.3 du Code minier, le soit en régulation dans la convention au titre d’avenant, à la fin de l’audit ».

Quelques mois plus tard, l’on apprend que le chinois Sinosteel a décroché le permis d’exploitation du minerai de fer au point où la Convention y afférente est signée le 06 mai 2022 par le ministre des Mines et la firme chinoise via sa filiale camerounaise. Cette convention précise les droits et les obligations des deux entités dans le cadre de l’exploitation industrielle de ce minerai situé à Lobe à Kribi, dans le département de l’Océan, région du Sud. Le projet de cette exploitation s’étale sur une période de 50 ans. Le minerai qui s’étend sur 20 km de long a une réserve totale évaluée à 632,8 millions de tonnes de fer.

Silence radio au Sénat, à l’Assemblée nationale, à la Cour suprême…

D’après la convention, la mise en exploitation de cette réserve devrait aboutir à l’extraction par l’entreprise de 10 millions de tonnes de minerai par an à 33%, pour ensuite l’enrichir afin de pro- duire 04 millions de tonnes de concentré de haute teneur en fer à plus de 60%. Par ailleurs, le partenariat envisage l’exportation du fer après une première transformation en pellets. On apprend par ailleurs que l’État du Cameroun devrait engranger des revenus annuels de 23 milliards de Fcfa.

Quant à la communauté locale impactée par le projet, elle bénéficiera d’un appui d’environ 4,9 milliards Fcfa. En outre, il y a la création de plus de 600 emplois directs et 1000 emplois indirects des jeunes camerounais. Des chiffres qui suscitent une vive contestation au sein de l’opinion. Si le député Jean Michel Nintcheu parle de « casse du siècle », l’avocat Christian Ntimbane Bomo, de la Société civile des réconciliateurs crie au « scandale, à la vente du pays ».

Mais au-delà de ces réactions quelque peu isolées et sans impact réel sur la situation, des voix s’élèvent pour dénoncer ce que d’aucuns assimilent à une braderie de la mine orchestrée par l’Etat du Cameroun à travers son boulimique ministre des Mines. N’est-il pas temps de sortir des tribunes libres et des coups de gueule qui inondent la toile pour attaquer cette Convention à la Chambre administrative de la Cour suprême ?

Où sont passées la société civile, les députés de la nation, l’opposition, les élites du Sud et de l’Océan ? Face aux accusations excessives et vexatoires de Dodo Ndoke qui s’est fendu dans une longue mise au point, n’est-il pas judicieux et plus payant de porter cette affaire devant les juridictions compétentes tant au Cameroun qu’à l’étranger ?

Beaucoup se seraient attendus à ce que l’Assemblée nationale qui n’a jamais légiférer sur ce dossier scandaleux, se saisisse de l’occasion pour convoquer pourquoi pas une session extraordinaire dans le but de condamner cette braderie. Que font Cavaye et Niat si ce n’est de consacrer leur maigre effort à conserver jalousement leurs trônes ?

Sortir de la distraction, attaquer le mal à la racine

Qu’est ce qui peut bien justifier que des leaders d’opinion, des élus locaux et autres élites puissent parler d’autres sujets, surtout de pure distraction au moment où le président de la République s’apprête ,après avoir été mal informé, à signer le permis de vente de la mine de fer de la Lobe à Kribi d’une valeur actuel- le de plus de 60 milles milliards Fcfa, à la modique somme de 500 milliards Fcfa?

« Savent- ils que cette mine est la seule rentable, immédiatement au Cameroun, car ne nécessitant pas de gros investissements comme les autres mines? La mine de fer de la Lobé est située au pied du port de Kribi. Donc pas besoin de construire un chemin de fer ou des auto- routes pour transporter le minerai jusqu’au port. C’est donc maintenant que nous devons nous lever pour demander au Président de la République de ne pas signer le décret qui octroie ce permis d’exploitation à la société chinoise Sinosteel, avec de telles conditions », crie Ntimbane Bomo. Un cri dans la forêt ? Onattend.

Source: Le Messager du 16-5-2022