Financement de l’économie camerounaise : les possibilités offertes par les marchés financiers

Joseph Désiré OKALA EDOA partage ses connaissances en la matière

Thu, 20 Jul 2023 Source: Joseph Désiré OKALA EDOA

Il s'agit d'un partage de Joseph Désiré OKALA EDOA, Enseignant-Chercheur en Management Stratégique, IntelligenceÉconomique et Sociologie des Organisations. Expert Certifié en Marchés Financiers par Yale University (USA).

L’observation de la croissance exponentielle des opérations sur les marchés financiers et plus précisément sur les marchés des changes à l’international est riche d’enseignements. En effet, selon une étude du cabinet McKinsey publiée en 2011, les opérations sur le marché des changes (des devises et des actifs financiers) ont été multipliées par plus de 40 entre 1980 et 1990, allant de 12.000 milliards de $ (109% du PIB mondial) à 54.000 milliards de $ (260% du PIB), avant d’atteindre 212.000 milliards en 2010 (soit 356% du PIB) malgré la crise financière de 2007.

Dans une étude plus récente, le volume mondial des opérations journalières des marchés des changes est estimé à 5.100 milliards de dollars en moyenne par jour en 2016 d’après les résultats de l’enquête de la Banque des Règlements internationaux. Ce qui représente environ 2.198% (en 2010 c’était encore seulement à 356%) du PIB mondial de 2018 estimé à 84.740 milliards de dollars par le FMI. L’économie camerounaise est aussi de plus en plus impactée, directement ou indirectement, par cet accroissement des niches de financement ou ressources d’investissements nécessaires à l’impulsion de la croissance.

Pour profiter de ces excédents de trésorerie ou ressources financières disponibles au sein des marchés financiers internationaux, plusieurs spécialistes et ingénieurs financiers nationaux s’organisent avec les banques locales pour convoyer lesdites ressources dans les projets de développement au Cameroun, malgré les difficultés liées aux opérations d’importation ou de transferts des fonds vers notre espace économique. En effet, la réalité vécue sur le terrain par la diaspora, des potentiels et actuels investisseurs directs étrangers, a souvent été le blocage, parfois abusif, des transferts de fonds internationaux importants vers les économies de la CEMAC.

Cette situation est réelle, prégnante et démotivante pour L’observation de la croissance exponentielle des opérations sur les marplusieurs, car le désagrément existe même dans les cas où une justification de l’origine licite des fonds, ainsi que la déclaration de leur saine finalité sont faites par les investisseurs et bailleurs de fonds extérieurs auprès des administrations concernées.

Les validations desdites opérations auprès de nos partenaires que sont la Banque de France et la Society for Wordwide Interbank Financial Telecommunications (SWIFT) dont le siège est en Belgique ne sont pas toujours évidentes même si, parfois, tous les justificatifs relatifs à ces transactions sont complets et à jour. L’observateur averti se laisserait ainsi dire que, lorsque le pays ou son ressortissant se permet d’oser (comme le recommande Paul BIYA à sa jeunesse) ou fait preuve d’initiative nationaliste à travers notamment un protectionnisme prononcé ou des choix politiques tels que la pratique de l’import substitution ou la promotion de l’industrialisation locale mettant à mal certaines multinationales, des blocages surgissent.

En effet, la validation par nos partenaires de certains transferts de fonds venant dans nos économies dans ces cas-là, peut subir quelques problèmes pour cause de « défaillance stratégique » (pour emprunter au Groupe d’action financière).

Un excédent vertigineux de liquidités

Sur le plan pratique, du fait d’un excédent vertigineux de liquidités sur les plateformes financières mondiales (plus de 2.000% du PIB mondial de la valeur des biens matériels), certaines ressources financières proposées par les marchés financiers internationaux peuvent être accordées sans garantie matérielle, ni cash-back (garantie par financement alternatif provisionné), ni garantie souveraine d’État.

Pour certains investisseurs, il vaut mieux placer ces fonds dans les pays en développement, parfois à taux zéro ou à taux très compétitif inférieur ou égal à 1% (auquel est adjoint un différé de remboursement pouvant aller jusqu’à 5 ans et une maturité de 30 ans voire plus) afin d’éviter le paiement de l’impôt sur la fortune par leurs détenteurs et d’autres charges fixes telles que les frais d’assurance. La mise à disponibilité de telles ressources financières se fera ainsi au profit des États en développement comme le Cameroun, sur la seule base de la qualité des projets dits humanitaires.

En effet, la qualité des projets et leur impact sur le développement durable pourront servir de caution, de couverture ou de garantie du financement accordé. Généralement, la mise à disposition du financement se fera par messages SWIFT de la banque du bailleur de fonds à la banque du bénéficiaire des fonds qui aura au préalable été en relation d’affaire ou Relationship Management Application (RMA) avec la banque du bailleur de fonds.

Par conséquent, la frilosité ou l’hésitation dont font preuve certains acteurs politiques, hauts fonctionnaires et banquiers locaux non aguerris aux réalités du combat géostratégique entre pays en développement et les autres au sein des places financières internationales, se trouve injustifiée puisque la due diligence (contrôle systématique sur les profils et identités des acteurs impliqués dans une transaction financière ainsi que l’origine licite des fonds concernés) par excellence se fait entre les banques elles-mêmes (bankto-bank due diligence) ; la société SWIFT garantissant elle aussi, la sécurité et le caractère licite des opérations interbancaires.

En effet, les plateformes financières internationales qui s’intéressent à financer nos États en général et la SND30 en particulier sont des relais des banques internationales classées « Triple A » qui agissent au sein des marchés financiers internationaux. Ces banques AAA confirmeront donc dans leurs messages (ou verbiage dans le langage financier) SWIFT que les fonds proviennent de sources légales et d’opérations de non blanchiment d’argent, fraude, financement du terrorisme, conformément aux règlementations internationales élaborées par les institutions telles que la Commission de l’Union européenne, la Réserve fédérale américaine ou le Groupe d’action financière qui sont des organisations soutenues par des pays qui eux-mêmes ont une histoire quant au financement de leurs économies embryonnaires d’une certaine époque.

Source: Joseph Désiré OKALA EDOA