Pour le compte de l’exercice 2015, le gouvernement peut conclure des prêts cumulés de 1700 milliards de Francs CFA.
Du côté du ministère des Finances (Minfi) à Yaoundé, l’on assure qu’« il y a comme des difficultés au plan technique avec l’exécution du plan d’urgence. Notamment du fait qu’il a été adopté après le budget de l’État ».
La difficulté consiste, en effet, à intégrer le coût de ces réalisations à l’enveloppe budgétaire 2015. Chose apparemment pas aisée, car, « les banques ne sont pas à l’aise avec les emprunts extra budgétaires », explique l’une de nos sources.
C’est donc a priori, pour résoudre ce problème que le président de la République a pris une ordonnance le 13 août 2015, « modifiant et complétant certaines dispositions de la loi de finances de la République du Cameroun pour l’exercice 2015 ».
L’ordonnance présidentielle indique que « le gouvernement est autorisé à négocier et, éventuellement, à conclure au cours de l’exercice 2015 (…) des emprunts concessionnels et non-concessionnels de montants globaux respectivement de 500 milliards de francs CFA et 1 200 milliards de francs CFA ». C’est dire, d’après nos sources, que « l’on va devoir rehausser le plafond de la dette du pays, pour pouvoir financer le plan d’urgence ».
Encore que le Minfi, Alamine Ousmane Mey, avait prévenu que « les programmes d’investissement dans les infrastructures tels qu’engagés par le Cameroun donneraient lieu à un niveau d’endettement qui connaîtrait une évolution vers la hausse ».
L’on pourrait cependant s’inquiéter du montant des emprunts non-concessionnels, 1 200 milliards de Francs CFA, étant entendu qu’ils sont contractés à des taux d’intérêts commerciaux, c’est-à-dire des taux beaucoup plus élevés que ceux des emprunts concessionnaires. Au Minfi, l’on explique que « par rapport aux besoins en investissements, les ressources à faible taux d’intérêt sont particulièrement rares.
Notre source explique que « le FMI ne veut financer nos projets qu’à condition que nous soyons sous-programme avec lui et les autorités n’acceptent pas qu’on le soit à nouveau. La Chine sur qui nous comptions le plus ne concède pratiquement plus les emprunts concessionnels. Aujourd’hui, elle prend toute sorte de précautions et d’assurances qui augmentent considérablement le taux de sortie de ses prêts ». Le Cameroun est donc contraint à se soumettre aux exigences qui s’imposent.
Cela dit, le niveau de l’endettement du Cameroun qui se situe actuellement à 22% est largement en deçà des normes sous-régionales qui sont établies à 70%. Toutes choses qui font dire aux économistes que malgré l’ordonnance du chef de l’État qui revoit à la hausse le plafond de la dette du pays, celle-ci reste soutenable.
D’ailleurs, précise notre source, « même si on s’endette au-delà des normes, la vraie question est de savoir si les projets à financer vont générer suffisamment de ressources pour permettre le remboursement le moment venu ». Et le plan d’urgence est en principe dans cette logique-là.