Focac 2024 : Guerre du Noso, Agriculture, économie... ce que Paul Biya cherche en Chine

Le président de la République du Cameroun, Paul Biya, s'est envolé ce lundi 2 septembre 2024 pour la Chine, où il participera au 9e sommet du Forum sur la coopération sino-africaine (FOCAC). À ses côtés, plusieurs membres éminents du gouvernement camerounais, tels que le ministre des Relations extérieures Lejeune Mbella Mbella, le ministre des Travaux publics Emmanuel Nganou Djoumessi, le ministre de l'Économie, de la Planification et de l'Aménagement du territoire Alamine Ousmane Mey, ainsi que le ministre de l'Agriculture Gabriel Mbairobe. Ce voyage marque un moment crucial dans l'approfondissement des relations bilatérales entre le Cameroun et la Chine, des relations diplomatiques qui remontent à 1971.

Cette rencontre au sommet intervient à un moment où les relations commerciales entre les deux pays continuent de s'intensifier. Selon l'Institut national de la statistique (INS) du Cameroun, le volume des marchandises importées de Chine entre 2017 et 2023 a atteint un montant cumulé de 4.724,5 milliards de FCFA, marquant une augmentation globale de 82,6 %. La Chine s’est imposée comme le premier fournisseur du Cameroun en 2023, avec une part de marché de 18,9 %, surpassant ainsi des partenaires commerciaux historiques comme l’Inde et la France.

Cette visite de Paul Biya en Chine n'est pas sans rappeler le précédent sommet du FOCAC en 2018, où trois accords avaient été annoncés : un accord de coopération judiciaire, un accord sur la restructuration de la dette du Cameroun et un plan d'aide humanitaire pour les régions anglophones en proie à la crise depuis 2016. Il est probable que ce sommet de 2024 soit l'occasion d'officialiser ces engagements tout en explorant de nouvelles avenues de collaboration.

La composition de la délégation camerounaise, qui inclut des figures clés des secteurs des infrastructures, de l'économie, de l'agriculture et de la défense, laisse penser que des discussions stratégiques auront lieu pour consolider les projets de développement financés par la Chine. En effet, la présence du ministre des Travaux publics, Emmanuel Nganou Djoumessi, suggère que des accords pourraient être conclus pour financer ou accélérer des projets d’infrastructures en cours, tels que la reconstruction de la route Babadjou-Bamenda, qui bénéficie déjà d’un financement partiel de la Banque mondiale.

Il est également notable que ce sommet intervient dans un contexte où la coopération sino-camerounaise célèbre plus de 50 ans d’existence, avec des réalisations marquantes dans plusieurs domaines, notamment la construction d'infrastructures, la santé, l'éducation et l'énergie. En mars 2021, lors du cinquantenaire de ces relations, les deux pays avaient réaffirmé leur volonté de renforcer cette coopération. La visite actuelle de Paul Biya pourrait bien ouvrir une nouvelle page dans cette relation, avec des retombées positives pour l'économie camerounaise.

Avec les tensions dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest toujours d'actualité, la participation du ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, et du ministre délégué à la présidence chargé de la Défense, Joseph Beti Assomo, pourrait indiquer que la question sécuritaire sera également au cœur des discussions bilatérales.