En juillet 2015 lorsque le Chef de l’État annonce la création de la Banque Camerounaise des Petites et Moyennes Entreprises, c’est dans l’optique de remédier au problème de financement des Petites et Moyennes Entreprises (PME) qui peinent à se lancer au guichet des établissements bancaires classiques. Seulement le constat fait par les économistes est que celle-ci semble connaître le même sort que les autres banques spécialisées à l’instar de la Capme, le Fogape, le Crédit Agricole et la Bcd.
Questionné sur ce sujet par le quotidien Le Jour édition du 14 février 2014, le Dr Ariel Ngnitedem, économiste, pense qu’il faut arrêter de donner des crédits «politiques». Répondant à la question de savoir si les banques spécialisées comme celles suscitées sont des outils permanents pour le financement de l’économie camerounaise, le Dr Ariel Ngnitedem déclare:
«Il faut dire que les banques spécialisées sont pertinentes quant au financement des PME et TPE du point de vue de leurs fonctions. Les banques commerciales ne peuvent pas véritablement financer l’activité des PME et TPE parce qu’elles reçoivent des dépôts à terme, et ne peuvent par conséquent proposer que des financements à court terme, voir à très court terme à des taux d’intérêt relativement élevés. Elles ne peuvent que se limiter aux activités d’accompagnement des PME et TPE. De là se justifie l’importance des banques spécialisées qui non seulement exigent des PME et TPE des garanties moins contraignantes, mais aussi et surtout leur offrent des crédits à long terme avec des taux d’intérêt relativement bas».
Parlant des exemples du Capme, du Fogape, du Crédit Agricole et de la Bcd qui font dire au quotidien qu’il y a peut-être une «malédiction camerounaise» au sujet des banques spécialisées, l’économiste déclare que «c’est tout simplement la résultante du non-respect des canons universels en matière de gestion des institutions de financement des projets et des problèmes structurels inhérents à ces structures, de l’environnement dans lequel ont évolué ces structures et la perception des crédits octroyés par celles-ci».
«Les compétences des ressources humaines recrutées n’étaient pas toujours en adéquation avec les missions de ces sociétés. La bonne gouvernance n’était donc pas au rendez-vous ! Les projets financés ne respectaient pas toujours les critères requis. On n’a pas toujours bien étudié les risques liés à l’octroi des crédits de même qu’on ne s’est pas toujours assuré que les projets financés avaient un potentiel de rentabilité pouvant permettre aux promoteurs de rembourser les crédits contractés», ajoute le Dr Ariel Ngnitedem.