Priorisation des projets d’infrastructures, discipline budgétaire rigoureuse, intégration sous-régionale renforcée, amélioration du climat des affaires, résilience de l’économie… Les grandes leçons de la visite de Christine Lagarde au Cameroun.
Le séjour de Christine Lagarde au Cameroun a été tout sauf une villégiature. Pour un marathon qui a duré 72 heures entre Yaoundé, capitale politique du Cameroun et Douala sa pendante économique, la directrice générale du Fonds monétaire international (Fmi) a élaboré sur toutes les questions qui touchent la stabilité macro-économique de la sous-région Afrique centrale. Dès son arrivée à Yaoundé le 7 janvier, la Dg du Fmi a planté le décor d’une visite hautement importante pour l’avenir de la zone Cemac, du moins sur le plan économique. Discipline budgétaire, résilience économique, intégration sous-régionale, amélioration du climat des affaires, infrastructures. Tout y est passé.
La patronne du Fonds a entamé sa visite au Cameroun par différentes concertations avec les hautes autorités du pays. De son tête-à-tête avec Alamine Ousmane Mey, le ministre des Finances du Cameroun, le 7 janvier dernier, l’ancienne ministre de l’Economie de la République française retient qu’ils ont « évoqué la situation de l’économie camerounaise, les défis auxquels est confronté le pays, la résilience de l’économie camerounaise et la nécessité d’appliquer une discipline rigoureuse, à la fois en matière de revenus et en matière de dépenses ». Une rhétorique du Fmi, bien connue, sur la rigueur dans la gestion des affaires économiques au Cameroun. Mais qui va bien au-delà du seul Cameroun et concerne toute la sous-région Afrique centrale.
Au sujet de cette sous-région Afrique centrale, la Dg du Fmi a fait un gros plan sur la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (Cemac) pour dresser la situation dans cette zone et les perspectives d’avenir. C’était au cours de la table ronde qu’elle a menée vendredi 8 janvier avec les ministres des Finances de la Cemac sur le thème « Faibles cours du pétrole et financement des infrastructures ». Christie Lagarde relève que « les cours du pétrole ont chuté de 70% depuis juin 2014, dégringolant d’un sommet de 120 dollars le baril à moins de 32 dollars aujourd’hui. Naturellement, les effets de cette chute se font sentir dans cette partie de l’Afrique, l’activité est au ralenti et les tensions budgétaires s’accentuent ». Car, selon de récentes statistiques, le pétrole représente aujourd’hui environ 70% des exportations de la Cemac et plus d’un tiers de ces recette budgétaires. « Il va de soi que la chute des cours constitue un énorme défi », souligne Lagarde. Prioriser les projets
D’autres défis majeurs attendent les pays de la Cemac pour une croissance forte et inclusive. Christine Lagarde structure l’atteinte de cet objectif sur la croissance autour de trois priorités : Dépenser mieux, percevoir davantage et mobiliser la région dans son propre intérêt. Premièrement, la patronne du Fmi demande aux pays de la Cemac de dépenser selon les priorités. Car « un ensemble approprié de projets d’infrastructures complémentaires est à l’évidence une condition préalable à toute croissance durable et inclusive. Cependant, dans un environnement de tensions budgétaires croissantes, il importe d’accorder une attention accrue aux priorités », argue Christine Lagarde, qui reconnaît que « la sélectivité dans le développement des infrastructures-basée sur leur bien-fondé économique et leur rentabilité- peut aider à orienter ce travail ».
A ce niveau, la Dg du Fmi rejoint le ministre camerounais de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat). Juste après son installation comme Minepat dans le gouvernement Yang III réaménagé le 2 octobre 2015, Louis Paul Motaze avait en effet insisté le 6 octobre lors de son installation, mieux son retour au Minepat sur la nécessité de prioriser le développement des infrastructures.
Dans une interview accordée à nos confrères de la Crtv-Poste national, le Minepat avait annoncé une révision totale de la stratégie gouvernementale en matière de développement des infrastructures. « Le président de la République, vous le savez, a lancé à la fois le plan d’urgence et la Can. Il faudrait donc que l’on se consacre en priorité sur ces deux projets. Ce d’autant plus que nous avons une floraison de projets qui rencontrent des difficultés. Par conséquent, il faudrait donner une définition aux grands projets.
Ce n’est pas parce que les bailleurs de fonds ont accordé des financements qu’on va lancer des projets, pour se rendre compte par la suite, qu’il n’y a ni fonds de contrepartie, les indemnisations ne sont pas là, le décret d’expropriation n’est même pas encore signé… », avait-il indiqué. Avant de constater que « du coup, 3 projets sur dix marchent.
Je préfèrerais une situation où on a dix projets et tous les dix marchent plutôt que d’avoir plusieurs projets qui ne marchent pas (…) Il faut désormais s’assurer que toutes les conditions sont réunies pour qu’un projet soit lancé. Il faut que l’on se concentre désormais sur un certain nombre de choses. »