Inquiétudes: la hantise de l'austérité des années 90

Vue Partielle De La Ville De Kribi Vue partielle de la ville de Kribi

Tue, 21 Feb 2017 Source: cameroon-info.net

Le Quotidien de l’Économie du 21 février 2017 revisite quelques extraits de «Cameroun: le pari de la croissance et du développement», un essai publié en 2000 par Jean Marie Gankou, ancien ministre et agrégé d’économie.

«Après l’annonce officielle de la crise économique au Cameroun le 19 février 1987, il faut attendre le mois de septembre 1988 pour que notre pays s’engage dans un accord avec le FMI. (...). Les mesures de réduction du train de vie de l’État comprennent: la réduction des dépenses de matériel, la promotion d’une politique de logement qui favorise l’accès à la propriété et limite les locations administratives, la suppression de toutes les dépenses non justifiées, etc.», révèle l’ouvrage.

«Par ailleurs, en vue de contenir les dépenses de personnel dans des limites supportables, le gouvernement décide: le gel des salaires et des effets financiers des avancements ; la restructuration des éléments de salaires (primes et indemnités) pour les agents du secteur public et parapublic ; le lancement de l’opération « Antilope » visant à assainir la fonction publique par l’identification et la radiation des fonctionnaires fictifs et la mise à la retraite systématique des personnels atteints par la limite d’âge», ajoute l’auteur.

Selon Jean Marie Gankou, en septembre et octobre 1993, l’État ne parvient pas à payer les salaires mensuels de ses fonctionnaires. Pis encore, il va procéder à deux baisses successives de salaire de ses agents. Si la première, de janvier 1991, fut de 10%, les deux de janvier et novembre 1993 furent de vrais coups de massue.

Le 31 décembre 1993, Paul Biya déclare: «Le choix était pourtant douloureux -ou licencier plusieurs dizaines de milliers d’agents de l’État -ou procéder à une nouvelle baisse des rémunérations à un niveau compatible avec nos ressources. Nous avons choisi la réduction des salaires pour ne pas avoir à jeter dans la rue des dizaines de milliers de Camerounais, pères et mères de dizaines d’enfants et de famille, jeunes en début de carrière, anciens fonctionnaires dont la reconversion aurait été difficile».

Après la dévaluation du FCFA le 12 janvier 1994, 28 340 agents de l’État seront soit mis en retraite anticipée soit mis en départ volontaire. «Cette crise de l’emploi s’étend aux entreprises publiques et parapubliques qui sont liquidées, réhabilitées ou privatisées, avec leur lot de licenciements».

Les paysans sont aussi atteints que les fonctionnaires. La Nouvelle Politique Agricole (NPA), adoptée par le gouvernement dès 1990, aboutit à la «privatisation progressive des activités de développement de l’agriculture, la responsabilisation plus accrue des agriculteurs et la diversification de la production agricole». En fait, souligne le quotidien, l’Etat va se désengager des secteurs productifs.

Source: cameroon-info.net