Kribi attend désespérément le premier navire

Premier Navire Au Port En Eau Profonde De Kribi Les explications du ministre Motaze sont peut-être plausibles, mais sujettes à caution.

Mon, 24 Apr 2017 Source: camer.be

Comme 'l’enfant' du regretté musicien Cirage, l’opérationnalité du port en eau profonde, mieux du complexe industrialo-portuaire de Kribi se fait encore attendre. Les habitants de cette cité balnéaire et de tout le Cameroun attendent désespérément que le premier navire pointe à l’horizon. On a quand même eu droit à des annonces à l’instar des effets de manches. Concrètement, rien ! Comme pour faire saliver ceux qui attendent et qui se posaient déjà des questions, on a nommé un directeur général et son adjoint.

Ils sont là depuis des mois comme des baigneurs, des nageurs ou des touristes sur ce rivage bucolique de l’Atlantique. Tout comme d’ailleurs des personnes sélectionnées et retenues pour ‘’meubler les locaux’’, pour reprendre l’expression d’un membre de l’élite de l’Océan. Rdépéciste pourtant jusqu’à la moelle des os, il ne décolère plus. Il n’y a pas que des pygmées qui peuplent la région du Sud et même tout le pays qui espèrent en ce complexe industrialo-portuaire.

Lorsque l’architecte de ce complexe, le ministre Louis-Paul Motaze est sorti il ya environ trois semaines pour signer avec les Chinois un nouvel accord de prêt correspondant à une phase d’extension de l’infrastructure actuelle, achevée depuis deux ans et qui attend encore et toujours un premier bateau de grand tirant d’eau, il a plongé plus d’un dans la stupéfaction. Comme pour calmer les esprits, voici son explication qui ne convainc pas grand monde. Même pas son entourage le plus proche :

‘’Le principal objectif de la deuxième phase, explique le grand architecte du complexe industrialo-portuaire de Kribi, est la mise à disposition dans un délai de… 42 mois (soit trois ans et demi : Ndlr) des capacités additionnelles devant résorber les trafics prévisionnels, et ainsi, recourir à l’optimisation de la desserte maritime du Cameroun, notamment dans la perspective de l’exploitation de nombreuses ressources naturelles et les potentialités dans la zone industrialo-portuaire du Cameroun’’.

Les explications du ministre Motaze sont peut-être plausibles, mais sujettes à caution. Et pour cause : la question que d’aucuns se posent est de savoir à quoi auront donc servi les centaines de milliards de dollars déjà engloutis dans la première phase en sachant qu’on attendra plus de cinq voire six années supplémentaires pour enfin voir le port en eau profonde de Kribi entrer en activité.

Ce qui épaissit le doute est cette autre affirmation du ministre Louis-Paul Motaze rapportée par notre confrère La Nouvelle Expression dans sa parution n° 4453 du 06 avril dernier : ‘’d’après ce que je sais, bientôt, nous allons avoir le premier navire’’. Ce bientôtlà est très relatif, évasif, hypothèque. Il sonne comme une fuite en avant. Un ministre à la dimension de Louis-Paul Motaze, avec sa longue expérience dans la gestion d’un certain nombre de projets et d’entreprises sensibles, qu’il a menés à bon, n’a pas le droit de balbutier comme un primesautier. On l’a vu à la Camair d’antan, à la Cnps. Secrétaire général des services du Premier ministre par deux fois, on disait de lui qu’il en était la cheville ouvrière et que c’est lui qui a souvent coordonné les dossiers économiques. Du bluff, tout cela ?

La critique est réputée aisée mais l’art difficile. Mais ce fameux port en eau profonde de Kribi se meut de plus en plus comme un serpent de mer. Même pas comme le petit débarcadère de Mboamanga qui attire du beau monde à Kribi, pour son poisson à la braise. Même dans le sérail, le doute s’est installé. Le silence des députés et des sénateurs renforce nos appréhensions et ressemble à l’omerta des milieux maffieux. En privé, certains de nos parlementaires confient qu’ils ne comprennent eux-mêmes rien ‘’à ce qui se passe avec le port-là qui, d’évidence est en train de jeter le discrédit sur l’ensemble de ce que le gouvernement et ses laudateurs présentent comme grandes réalisations’’.

On relève pour le déplorer que des installations en place qui ont coûté des centaines de milliards se détériorent avant de servir à l’activité portuaire. C’est le cas des remorqueuses. Comme si cela ne suffisait pas Kribi est toujours relié à Edéa et au reste du Cameroun par la même piste paysanne qui ne pourrait visiblement supporter le trafic d’un complexe industrialo-portuaire et quid du chemin de fer devant aussi desservir Kribi ?

On en parle peu ou pas. C’est tout dire ! Patrice Melom, le directeur général du Port en eau profonde de Kribi a beau ‘tchatcher’’ sur les contrats sur 20 ans que son équipe a négociés, on se demande si lui-même se trouve à l’aise dans la galère où il a été projeté. A condition sans doute qu’il y trouve son compte car c’est aussi cela le Cameroun et les Camerounais. Ils savent se résigner en ces termes ‘’on va donc faire comment ?’’ Fonctionnaire de son état, il continue d’être rémunéré sans doute par le ministère des Finances.

Et les autres bougres donc qui croyaient sortir du chômage pour travailler dans un prestigieux projet faisant la fierté du Renouveau ? Ils sont sans salaire depuis des mois. Sept, voire plus, apprenons-nous. Ceux qui faisaient confiance à ces galériens en leur prêtant de l’argent ont cessé de le faire. Certes, le port en eau profonde de Kribi, c’est déjà des infrastructures visibles. Le projet en lui-même est encore dans les abysses. Retenu par les sirènes ? Que nenni ! Plutôt rattrapé par les incuries du Renouveau

Source: camer.be