Il y a quelques années encore, on ne les accordait aucune attention à cause de leur petite capacité (250 Kg). Aujourd’hui, le tricycle s’impose comme l’outil indispensable dans le transport des marchandises, des marchés pour les quartiers.
C’est sans aucun doute le métier qui a le vent en poupe en ce moment à douala. Les conducteurs de tricycles font fureur, pour une recette journalière qui oscille entre 30 et 50.000 FCFA par jour. On les rencontre dans tous les coins de rue de la capitale économique. Le tricycle est un engin à cheval entre une motocyclette et un pick up. A l’avant, il présente l’aspect d’une moto avec l’arrière semblable à celui d’un pick up.
Plusieurs jeunes font de la conduite de ce moyen de locomotion, un travail à plein temps. D’ailleurs certains ont même abandonnés leur métier de départ, pour se consacrer au tricycle. Un changement de vie qui en vaut la peine, comme témoigne Didier Poka: « le tricycle nourrit bien son homme. C’est le travail que je fais depuis 03 ans et je ne regrette rien!». Si le tricycle est si sollicité, c’est à cause de son petit gabarit, qui lui permet de se faufiler entre les véhicules pendant les embouteillages.
« Nous avons la possibilité d’aller porter la marchandise à l’intérieur du marché et d’aller la livrer dans des quartiers périphériques de la ville de Douala en un temps records. La paie quant à elle se négocie par rapport à la distance à parcourir et la quantité des marchandises à transporter » renchérit Didier Poka, un transporteur indépendant. Il n’est membre d’aucune association et sillonne les marchés de la ville à bord de son tricycle de couleur bleu à la recherche du travail: « je fais parfois une dizaine de déplacements par jour et je ne me déplace pas pour moins de 5000 FCFA ».
Au marché Mboppi de Douala, une trentaine de conducteurs de tricycle a choisi de se réunir en association pour mieux encadrer leur activité. Sadi Belmond en est le président. Il fait parti des pionniers dans cette activité débutée en 2010. Une inspiration venue du Nigéria voisin, avec pour fondement la Chine a-t-on appris. Comme la plupart des conducteurs, Sadi Belmond était un commerçant. Il a fermé boutique à cause de la crise pour se consacrer à la conduction de tricycle en 2012. Il conduit un tricycle d’une capacité de 600 Kg, un poids qu’il ne respecte pas toujours: « il m’arrive de charger jusqu’à une tonne » avoue-t-il. L’activité attire plein de jeunes et les femmes ne sont pas en reste.
Celles rencontrées par le quotidien de l’économie, travaillent pour des entreprises qui ont pris le soin de se distinguer, des tricycles ordinaires en coloriant les leurs aux couleurs de leurs structures: « les femmes qui travaillent à leur propre compte, sont très rares. Personnellement, je n’en connais pas aucune!» renseigne Sadi. Pourtant, s’offrir un tricycle n’est pas aisé pour le camerounais moyen. Il faut compter entre 900.000 et 1.200.000 FCFA pour être l’heureux propriétaire de ce sésame.
Mais l’activité est tellement rentable que les jeunes ne lésinent pas sur les moyens, au grand bonheur des vendeurs de tricycles qui se frottent les mains. C’est le cas de l’entreprise Galaxy, leader du marché à Douala, qui confie que la vente des tricycles représente 40% de son chiffre d’affaire. Cependant tout n’est pas que rose dans l’utilisation des tricycles.
Pour Alice Maguedjio, la présidente du Syndicat des commerçants du Wouri, ce métier a besoin d’être encadré: « c’est la notion de la démesure qui nous inquiète. Les conducteurs de tricycles au même titre que les pousseurs sont des auxiliaires de commerce. Ils sont importants dans un marché comme le nôtre qui ne fait plus exclusivement de la vente en gros. Nous voulons juste que ce corps de métier soit contrôlé et encadré pour éviter des dérives ».