Réunis à Yaoundé le 06 février dans le cadre du lancement de leurs activités pour le compte de l'année 2023, le président de l'Association nationale des opérateurs du secteur informel pour la lutte contre la pauvreté au Cameroun a donné le ton.
« Économie de l'ombre, grise, non déclarée ou informelle : tous ces termes renvoient à une réalité très répandue au Cameroun. Cette informalité généralisée est particulièrement préoccupante aujourd’hui, car elle risque de compliquer la tâche au gouvernement à l’heure de s'engager sur la voie d’un développement inclusif indispensable pour réparer les dégâts de la pandémie de Covid-19 », dixit Yimga Moussa, président de l'Association nationale des opérateurs du secteur informel pour la lutte contre la pauvreté au Cameroun (Anosilp).
L’occasion a également permis au leader de la plateforme née le 23 septembre 2003, de sensibiliser les membres. « Entretenons et maintenons nos espaces propres. Ne jetons plus les ordures dans les rivières et caniveaux. Opérateurs du secteur informel exerçant sur la voie publique, préparons-nous à libérer les trottoirs. Ensemble inscrivonsnous sur la liste des acteurs qui seront recasé à Mokolo et Tsinga Elobi, sur la haute instruction du Maire de la ville de Yaoundé. Unissons-nous pour l'émigration vers le secteur formel ».
Après cet élan de prise de conscience, le dirigeant de l'Anosilp n'est pas passé par quatre chemins pour s'indigner de la courbe d'évolution du secteur informel. A le croire, il y'a cinq raisons de s'inquiéter du poids de l'économie informelle. Primo, l'économie de l'ombre est omniprésente. Concrètement, le secteur informel contribue à pratiquement un tiers du Produit intérieur brut (Pib) et représente plus de 70 % de l'emploi total, dont la moitié environ sous la forme de travail indépendant.
Secundo, le niveau élevé d’informalité rime avec une faible productivité. C'est-à-dire, la productivité du travail dans les entreprises informelles n'atteint qu’un quart en moyenne de celle que connaissent les structures déclarées. On observe une rémunération des travailleurs informels inférieure de 19 % en moyenne à celle des salariés du secteur formel.
Dans cette succession d'inquiétudes, le leader de l'Anosilp fait observer également que l'économie informelle est corrélée à de multiples difficultés de développement. Gouvernance plus fragile Toute chose qui serait à l'origine de la plus grande pauvreté observée, des revenus par habitant plus faibles, des progrès plus lents sur les Objectifs de développement durable (Odd), des inégalités plus prononcées et des investissements moins importants.
Aussi selon l'Anosilp, la prépondérance du secteur informel est en train de se faire accompagner d’un niveau de recettes et de dépenses considérablement moins élevé, d’institutions publiques moins efficaces, de pesanteurs réglementaires et fiscales importantes et d’une gouvernance plus fragile.
Pour finir, l'on apprend qu'il n’y a pas de solution simple à l’économie de l'ombre au Cameroun. Pour certains, travailler dans le secteur informel est un choix. Pour d'autres, c'est un dernier recours. L’emploi informel recouvre un large éventail de situations : travailleurs indépendants, petits exploitants agricoles, employés sans contrat de travail, etc.