La BEAC et la BCEAO resserrent leurs liens

BEAC Siege Officiel2 Vers une intégration monétaire renforcée entre la Beac et la Bceao

Thu, 6 Feb 2025 Source: www.camerounweb.com

Dans un contexte de transformations économiques rapides et d’une mondialisation financière toujours plus interconnectée, les deux principales institutions monétaires de l’Afrique francophone, la Banque des États de l’Afrique Centrale (Beac) et la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (Bceao), ont engagé une nouvelle phase de renforcement de leur coopération.

D’après les informations rapportées par Diapason, cette dynamique a été matérialisée par une rencontre de haut niveau entre Jean-Claude Kassi-Brou, gouverneur de la Bceao, et Yvon Sana Bangui, gouverneur de la Beac, qui s’est tenue le 27 janvier 2025 au Cameroun. Cette réunion stratégique a permis aux deux parties d’aborder plusieurs axes de collaboration monétaire, en mettant particulièrement l’accent sur la stabilité économique régionale, la convergence des politiques financières et les défis liés à l’évolution des monnaies dans les zones UEMOA (Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine) et CEMAC (Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale).

Les discussions ont porté sur plusieurs points essentiels, notamment l’amélioration des mécanismes d’intégration monétaire, le renforcement des capacités de régulation des banques commerciales et la coopération face aux défis du financement des économies africaines. Face aux perturbations économiques causées par la volatilité des marchés mondiaux, la montée des taux d’intérêt internationaux et l’inflation persistante dans certaines zones monétaires africaines, les gouverneurs des deux banques centrales ont convenu de mieux coordonner leurs stratégies économiques et monétaires afin de stabiliser leurs devises respectives et d’optimiser leurs politiques de gestion des réserves de change.

Un autre enjeu clé abordé lors de cette réunion a été l’impact de la réforme du franc CFA, qui concerne aussi bien l’Afrique de l’Ouest que l’Afrique Centrale. Tandis que l’UEMOA a amorcé une transition vers l’Eco, la future monnaie censée remplacer le franc CFA dans cette zone, la CEMAC reste encore dans une phase de réflexion quant à une éventuelle réforme monétaire. Cette différence de trajectoire entre les deux unions économiques pose des défis de synchronisation, notamment en ce qui concerne la coordination des politiques de taux de change et la gestion des réserves monétaires. Les gouverneurs ont ainsi exploré les possibilités d’une harmonisation graduelle des réformes, en vue d’assurer une transition en douceur pour les économies concernées.

Par ailleurs, la question de l’inclusion financière et de la digitalisation des services bancaires a occupé une place centrale dans les échanges. La transformation numérique bouleverse le secteur financier africain avec une montée en puissance des fintechs, des paiements mobiles et de la bancarisation numérique, qui redéfinissent la relation entre les institutions bancaires et les populations. La Beac et la Bceao ambitionnent ainsi de renforcer leur coopération en matière de réglementation et de supervision des acteurs numériques, tout en encourageant les initiatives qui favorisent l’accès des populations non bancarisées aux services financiers.

Cette volonté de rapprochement entre les deux banques centrales pourrait avoir des répercussions majeures sur l’avenir monétaire et économique de l’Afrique francophone. Un cadre de coopération plus structuré entre la Beac et la Bceao pourrait permettre une meilleure résilience face aux crises économiques, une meilleure attractivité pour les investisseurs étrangers et une intégration économique plus poussée entre l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique Centrale.

Alors que les défis monétaires africains sont de plus en plus complexes, la collaboration entre ces deux institutions financières stratégiques apparaît comme une nécessité pour assurer la stabilité macroéconomique et renforcer la compétitivité des économies africaines sur la scène mondiale. Reste à savoir si cette initiative sera suivie d’actions concrètes et de décisions structurantes à l’échelle régionale.

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