En restructuration depuis six ans, la CBC s'enfonce dans une crise sans fin, dont la menace d'expulsion pour 3 milliards de francs CFA d'impayés n'est qu'une illustration.
Comme si la violation de la réglementation prudentielle et ses conséquences ne suffisaient pas. Non seulement la Commercial Bank of Cameroon a 3 milliards de francs CFA d'impayés de loyers, mais son administrateur provisoire, Martin Luther Njanga Njoh, est à l'index à propos de trop-perçus. Au siège de la CBC, à l'avenue Kennedy à Yaoundé, on parle peu, au milieu de ce tohu-bohu des vendeurs de téléphones.
Retiré dans son bureau, Martin Luther Njanga Njoh fait de la résistance pour parachever le processus de restructuration, lui qui avait justement pour mission de créer les conditions idoines devant permettre à l'État de désigner ses représentants au sein du conseil d'administration et de procéder à la nomination d'un nouveau directeur général pour la CBC.
Faut-il le rappeler : c'est à travers un arrêté daté du 28 janvier 2013 que l'actuel ministre camerounais des Finances, Alamine Ousmane Mey, avait placé en restructuration pour un délai de trois mois cet établissement de crédit déjà placé sous administration provisoire depuis novembre 2009.
Pourquoi toujours pas de directeur général ?
Faisant suite à la procédure enclenchée par le ministre camerounais des Finances, il revenait au président de la Cobac (Commission bancaire d'Afrique centrale) de mettre fin à l'administration provisoire et, de surcroît, de procéder à l'agrément des nouveaux dirigeants proposés par le ministre camerounais des Finances.
Jusqu'ici, il n'en est rien ! Lucas Abaga Nchama a toujours argué, sous cape au sein de la Commission bancaire qui lui avait donné l'habilitation d'agir lors de sa session de mars 2014, du fait qu'il était dans l'attente des propositions du Cameroun. Selon les informations à notre disposition, l'actionnaire majoritaire qu'est l'État du Cameroun, à travers son ministre des Finances, a formulé auprès de la Cobac, et ce, à plusieurs reprises, des propositions de nomination d'un directeur général à la Commercial Bank of Cameroon (CBC).
Cette nomination devait mettre fin au règne de l'administration provisoire à la CBC. D'après certains administrateurs de la CBC rencontrés par le correspondant du Point Afrique et qui ont requis l'anonymat, « le président de la Cobac bloque le remplacement de l'actuel administrateur provisoire de la CBC tel que proposé par le ministre camerounais des Finances à l'effet d'obtenir au forceps le soutien du Cameroun dans son ambition de se maintenir à la tête de la Banque des États de l'Afrique centrale ». De quoi donner une idée de l'atmosphère de soupçon au sein de la CBC.
L'administrateur provisoire en question
L'administrateur provisoire a généralement pour mission de garantir la gestion courante et l'exploitation d'une banque en zone de turbulence. Il a également pour mission de rechercher les solutions permettant de restaurer les conditions normales d'exploitation de ladite banque.
Lucas Abaga Nchama, le président de la Cobac et non moins gouverneur de la Banque des États de l'Afrique centrale (BEAC), a demandé à l'administrateur provisoire, de « procéder sans délai au remboursement des sommes qui lui ont été versées au titre de sa rémunération en dehors de celles expressément visées dans la décision Cobac ». Selon les documents mis à la disposition du correspondant du Point Afrique, « la mission a évalué à 108 millions de francs CFA au 31 octobre 2013 le montant du trop-perçu en faveur de l'administrateur provisoire ». Troublant.