La Société immobilière du Cameroun cumule des pertes de plus de 90 milliards

Ahmadou Sardaouna Ahmadou Sardaouna, DG de la SIC

Thu, 21 Mar 2024 Source: L’OEIL DU SAHEL N°1920

La Société immobilière du Cameroun (SIC), bras séculier de l’Etat pour la gestion de ses logements sociaux, fait partie des établissements publics camerounais qui présentent une santé financière peu reluisante. Au cours de son passage dimanche dernier dans le programme télévisé « Actualités Hebdo » sur la Cameroon radio television (Crtv), le Directeur général de cette société, Ahmadou Sardaouna, a touché quelques mots sur la situation financière de son entreprise.

« En 30 ans, nous avons chiffré la perte autour de 90 milliards que l’Etat est en train de supporter (…) Nous faisons le quart de ce qui est pratiqué au privé. Si on paie 200 000 Fcfa ailleurs, à la SIC c’est 50 000 Fcfa et en même temps, 25 000 Fcfa pour les fonctionnaires. Puisque le chef de l’Etat a autorisé depuis 1994 que les fonctionnaires soient logés à 50%. Donc, un logement de 50 000 Fcfa, un fonctionnaire paie 25 000 Fcfa ; vous voyez que ça amène la sous-exploitation à la SIC, un manque à gagner », a-t-il déploré.

La société éprouve des difficultés financières et peine à rentabiliser les logements sociaux, en raison de la flexibilité des coûts imposés par l’Etat, pour faciliter l’accès aux logements. En effet, depuis 1994, elle a vu les prix de ces logements subir une décote de 35, 45, voire 50%.

« Ces prix sont restés fixes pendant des années. C’est pour cette raison que les ressources disponibles à la SIC, ne permettent pas de faire fonctionner, en même temps la masse salariale, et en même temps permettre la réalisation des grands projets », renchérit-il.

En effet, d’après le dernier rapport de la Commission technique de réhabilitation des entreprises et établissements publics (CTR), la dette de l’Etat vis-à-vis de la SIC représente 84% de l’ensemble de ses créances. Les autres créances sur l’Etat d’un montant de 50,2 milliards de Fcfa sont principalement constituées du solde dû par l’Etat d’un montant de 40,7 milliards de Fcfa au titre du manque à gagner du fait des mesures de baisse des loyers de la SIC pour la période 2007- 2019.

A côté de la sous-exploitation du projet énoncé par le top-management de cette société, celle-ci est aussi confrontée au problème d’entretien de ses installations, faute de ressources financières. En 2019, elle évaluait à plus de 60% l’état de délabrement des logements sociaux, et est engagée dans un processus de rénovation de certains de ses logements, notamment à Yaoundé, Douala, Buea, Maroua et Garoua.

Dans cette même veine, la SIC ambitionne de construire 3 000 logements sur une période de 3 ans, allant de 2024 à 2026, et le coût de cet investissement se chiffre à 453 milliards de Fcfa. Il va notamment consister en la construction de 291 logements à la cité verte (Yaoundé, région du Centre); la construction de 432 logements à Maroua (région de l’extrême-nord), 538 à Garoua (région du Nord) et 276 à Sangmélima (région du Sud).

En ce qui concerne la réhabilitation du parc immobilier, dont le taux de vétusté est de 60%, nous comptons réhabiliter les logements des cités de Kotto (Douala), Palmiers (Douala), Buéa, Garoua et Maroua.

Source: L’OEIL DU SAHEL N°1920