Entretien avec le président de l’Organisation mondiale des cultivateurs de cacao, qui jette un regard sur la filière camerounaise, parle des objectifs de l’Omcc et de la nécessité pour les pays producteurs de développer des industries de transformation.
Que vient faire le président de l’Organisation mondiale des cultivateurs de cacao (Omcc) au Cameroun ?
Nous sommes venus d’abord pour installer le bureau national de notre organisation. L’assemblée générale constitutive de l’Organisation mondiale des cultivateurs de cacao (Omcc) a eu lieu il y a un an et une délégation du Cameroun a pris part aux travaux. Nous sommes là pour encourager l’équipe qui était à l’AG et que nous avions alors mis en mission, afin qu’elle fasse la promotion de l’Omcc au Cameroun. Surtout dans la mesure où l’Omcc est en train de démarrer un partenariat très fort avec le Conseil interprofessionnel du cacao et du café (Cicc) du Cameroun.
Quel regard global portez-vous sur la filière cacaoyère camerounaise ?
Je note qu’une interprofession existe depuis plusieurs années, ce qui est une avancée significative. De ce point de vue, nous sommes à l’école du Cameroun, puisque nous en Côte d’Ivoire, par exemple, nous en sommes encore à jeter les bases de cette interprofession. Nous reviendrons bientôt au Cameroun pour nous abreuver à la source de cette expérience réussie en matière d’interprofession, en matière d’organisation de la filière et surtout d’encadrement des producteurs de cacao.
Et que dites-vous de la production et de la qualité du cacao camerounais ?
Au cours de ce séjour au Cameroun, nous avons pu participer à une cérémonie de remise des attestations de fin de formation à une première cuvée de vérificateurs de la qualité du cacao bord champ. Mais, nous pensons que c’est la qualité avec grand «Q» qu’il faut saluer. C’est-à-dire à la fois la qualité des opérateurs de la filière, la qualité des prestations et la qualité de la production, pour pouvoir bénéficier de bons prix sur le marché international.
En plus d’être premier producteur mondial de cacao depuis des années, la Côte d’Ivoire est récemment devenue premier transformateur de fèves, selon l’ICCO. Le Cameroun, lui, transforme à peine 25% de sa production. Quels conseils l’acteur de la filière ivoirienne peut-il donner au Cameroun en matière de développement de la transformation du cacao ?
L’idéal c’est d’apporter de la valeur ajoutée au cacao que nous produisons. Mais je pense que tout est mis en œuvre pour qu’on assiste à des schémas où des transformateurs acceptent de se mettre ensemble avec des organisations de producteurs structurées, pour initier ne serait-ce que le premier niveau de transformation, afin de permettre aux producteurs d’augmenter leurs revenus. C’est d’autant plus important que chaque fois que nous exportons nos matières premières à l’état brut, ce sont des emplois que nous exportons également.
Avec la déferlante des industries de transformation du cacao en Côte d’Ivoire, n’avez-vous pas l’impression que les industriels suivent désormais le cacao où il abonde ?
Ce n’est pas évident de soutenir un tel point de vue. Les industriels vont où ils ont leurs intérêts, notamment où il y a des facilités en matière de fiscalité et où les conditions de production, à l’instar de l’existence de l’énergie, sont réunies. Ce n’est pas parce qu’il y a beaucoup de cacao qu’ils viennent en Côte d’Ivoire ou qu’ils iront au Ghana.
Qu’est-ce que les cultivateurs de cacao peuvent attendre d’une organisation telle que celle que vous dirigez ?
Le but premier de notre organisation est d’assurer une meilleure représentation des cultivateurs de cacao dans les rencontres et autres concertations au niveau mondial. Ensuite, il est question pour nous d’unifier la voix des producteurs pour qu’elle puisse être entendue partout où besoin sera, et cela de façon qualitative. Et puis, l’Omcc se fixe pour objectif d’améliorer la qualité des relations qui existent entre les acteurs que constituent les gouvernements des pays producteurs et consommateurs, les industries et les organisations de la société civile.
A l’Omcc, nous pensons qu’il est nécessaire d’avoir un dialogue inclusif, qui prenne en compte les avis des producteurs eux-mêmes, des gouvernements, de la société civile et des industriels, afin de garantir une cacaoculture durable.